Retour à la terre… et au gravier
MUNICIPAL. La municipalité de Sainte-Marguerite a fait le choix de « pulvériser » la chaussée asphaltée d’une portion de route sous sa responsabilité, après un autre refus du ministère des Transports du Québec d’octroyer une aide financière pour sa réfection.
Ainsi, une portion de 2,4 kilomètres ( 2470 mètres ) des rangs St-Georges et Ste-Suzanne, reliant les localités de Sainte-Marguerite, Sainte-Hénédine et Sainte-Claire, n’est plus recouverte d’asphalte, mais plutôt de gravier, l’état de la chaussée ayant été jugée non-sécuritaire à la circulation. Le maire de la municipalité, Claude Perreault, explique que le choix de « pulvériser » l’asphalte n’était pas le premier choix.
« On a fait le choix de retirer l’asphalte, car c’était dangereux. C’était notre troisième demande en un peu plus de deux ans et nous avons été refusé chaque fois », précise le maire Perreault, dont les demandes avaient été adressées en septembre 2022, septembre 2023 et octobre 2023. Le plus récent refus a été communiqué à la municipalité le 24 janvier dernier.
Autre fait à noter, la municipalité n’avait pas prévu faire cette démarche et y consacrer une certaine somme à son dernier budget. « Ce n’était pas prévu, mais il fallait le faire. Pourquoi nous n’avons pas été retenus ? Peut-être y a-t-il trop de demandes. C’était asphalté, mais il y a eu un déficit d’entretien au cours des années. Tout cela a commencé quand le ministère nous a remis la responsabilité de la voirie locale, comme tellement d’autres choses. »
Pour le maire Perreault, il s’agit d’un retour en arrière, mais nécessaire. « Nous sommes toujours refusés et dans la lettre, c’est toujours écrit » Nous avons le regret …. ». On a décidé de le faire et même des transporteurs nous ont dit que c’était la chose à faire. Si nous ne le faisions pas, il fallait minimalement faire des réparations d’urgence. Si nous attendions trop longtemps, ça aurait été de l’argent gaspillé.
D’autres municipalités auront assurément à composer avec des situations similaires, en viendront possiblement à des constats similaires et opteront pour un choix identique, ce qui n’est pas impossible, selon Claude Perreault. « C’est impossible que le Programme d’aide à la voirie locale et quelques autres programmes de redressement répondent à la demande. Déposer des demandes est déjà coûteux pour les municipalités, car tout ça doit être documenté. En investissant dans ces demandes, on a moins d’argent pour le reste ».
Claude Perreault ne baisse toutefois pas les bras et espère toujours de revoir une chaussée asphaltée à cet endroit. « On va refaire des demandes et peut-être qu’un jour on va l’avoir. Encore là, il faudra prouver que nous l’avons pulvérisé, car il y avait urgence. On ne sait pas si cela va nous nuire ou nous aider, mais nous n’avions plus le choix ».
Simplement que les demandes dépassent de loin les enveloppes budgétaires.
Au bureau du député de Beauce-Nord, Luc Provençal, on nous précise que les demandes excèdent largement les sommes disponibles en voirie locale. « La même réalité s’applique aux municiplaités de Beauce-Nord. Les demandes étaient à la hauteur de 523 M$ et de 88 M$ pour des enveloppes respectives de 180 M$ et de 15 M$ », explique l’attaché politique du député, Stéphane Brown.
Le prochain appel de projets pour les différents volets (travaux à réaliser en 2025) se tiendra entre août et octobre prochain.
Les municipalités seront informées des dates, le moment venu.
Une fraude qui coûte cher
Par ailleurs, Claude Perreault a bien voulu commenter une fraude dont a été victime sa municipalité au cours des dernières semaines. L’événement, de type « Faux fournisseur », aura finalement coûté près de 85 000 $ aux citoyens de la localité.
Le stratagème implique généralement une captation d’échanges entre une entreprise et son client. Le fraudeur usurpe ensuite l’identité de l’entreprise et pirate son compte de messagerie. Il cible ensuite une transaction imminente entre les deux parties pour enfin demander de procéder à un paiement dans un compte différent de celui utilisé habituellement.
Dans son message dédié aux citoyens et publié dans le journal municipal, Claude Perreault rappelle les événements à la population, tout en soulignant que le phénomène se développe et que la municipalité a déjà ajouté des mesures à sa prévention. « Très peu de gens m’en ont parlé et celles et ceux qui l’ont fait m’ont dit que c’était bien expliqué et qu’ils avaient tout compris. Certains m’ont posé des questions pour ne pas en être victimes eux-mêmes ».
La fraude initiale était de 99 000 $ et la municipalité a pu récupérer 15 000 $ via son assureur. Pour le maire Perreault, le piège était très bien monté. « Ils sont bons. C’est d’une finesse incroyable et nous avons pris des mesures pour nous protéger davantage. Nous attendons aussi les résultats d’une étude de cybercriminalité que nous avons commandée récemment », précise-t-il en conclusion, invitant les municipalités et les entreprises de la région à la prudence et la vigilance.