La FQM à la rencontre des élus de la région
MUNICIPAL. Le président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Jacques Demers, a conclu sa série de Rendez-vous du président dans la région de la Chaudière-Appalaches le 20 août dernier. Des rencontres à Sainte-Marie et Saint-Georges lui ont permis de prendre le pouls des élus et dirigeants municipaux de la région sur différents enjeux.
Le premier rendez-vous s’est tenu à Sainte-Marie où M. Demers a rencontré 25 préfets, maires, mairesses et directeurs généraux des MRC de Bellechasse, Lotbinière et de la Nouvelle-Beauce. Les discussions ont permis d’échanger sur la modernisation de la réglementation en milieux hydriques, l’encadrement des ouvrages de protection contre les inondations et la délimitation des zones inondables. Les budgets alloués au transport collectif et interurbain, ainsi que des lourdeurs administratives liées aux programmes gouvernementaux ont aussi alimenté les conversations.
Plus d’une cinquantaine de personnes des MRC de Beauce-Centre, Beauce-Sartigan, Les Appalaches et Les Etchemins étaient de la deuxième rencontre, cette fois-ci à Saint-Georges. Les échanges ont porté sur la couverture du réseau cellulaire, du délai du gouvernement à mettre en place son programme de soutien aux commerces de proximité, puis sur certains enjeux liés au fardeau administratif et les redditions de compte trop importantes imposées par les ministères, ainsi que les conflits d’intérêts potentiels au sein d’un conseil municipal.
Paperasse, cellulaire et infrastructures
Jacques Demers avoue apprécier ce type d’exercice. « Je suis toujours surpris. Le fait d’être chez les gens, sur leur territoire, on voit une couleur différente. Lorsque l’on peut concentrer ça dans une région, là on peut voir les distinctions propres à chacun. On a souvent des préjugés d’une région à une autre », remarque-t-il.
« En Chaudière-Appalaches, on parle généralement d’une région d’entrepreneurs et qui veulent que ça bouge et ça parait. Quand ils t’expliquent que les processus administratifs, les lourdeurs qu’on vit dans la reddition de compte, que des dossiers prennent de six à huit ans et qu’il s ne sont pas encore réalisés, on l’entend ailleurs, mais pas sur le même ton qu’en Chaudière-Appalaches. »
Il s’attendait à voir des personnes impliquées et volubiles, à ces rencontres. « C’est souvent en Chaudière-Appalaches que des entrepreneurs veulent s’impliquer au niveau municipal, mais que la législation les empêche de le faire. C’est réglé pour les dépanneurs ou stations d’essence, mais pas partout. Plusieurs situations nous ont été présentées et n’ont pas été mises dans la loi », constate-t-il.
En matière de communications, M. Demers indique que la desserte en services internet semble convenable, mais la téléphonie cellulaire demeure incomplète. « Il y a des avancements en théorie, mais en pratique personne n’a vu des dossiers réglés au cours des deux dernières années. Est-ce qu’on réussira à couvrir 100 % du territoire, probablement pas, mais c’est le monde municipal et le citoyen qui sont les meilleurs observateurs sur le terrain et on devrait consulter ce monde-là avant l’implantation des tours. »
Jacques Demers s’inquiète également de voir les difficultés de plusieurs milieux à offrir des services de transports collectif et adapté en raison notamment des coûts qui explosent. Il estime que les municipalités doivent aussi jouer un rôle dans ce dossier. « On commence à trouver qu’on en a beaucoup dans nos municipalités, mais si on ne s’en occupe pas, qui va le faire. On est prêt à s’impliquer, mais nous avons besoin d’aide. On s’aperçoit qu’au niveau des régions, on reçoit environ 6 % de l’enveloppe en ruralité, alors que nous sommes plus de 30 % de la population. L’investissement ne correspond pas au besoin. »
Visite à Sainte-Marie
M. Demers s’est aussi rendu au centre-ville de Sainte-Marie, en compagnie du maire Gaétan Vachon, voir l’évolution de la transformation du secteur où près de 400 démolitions de résidences et de commerce ont eu lieu à la suite des inondations historiques de 2019. « C’est incroyable de se retrouver sur le terrain avec le vécu, l’histoire à cet endroit. C’était pertinent, surtout que nous sommes dans une période où nous regardons les cartes et tout le monde se demande jusqu’où on va reculer. »
Les récents événements survenus à Montréal, qui ont démontré la vétusté de bien des infrastructures, notamment au niveau des réseaux d’aqueduc et d’égouts, inspirent également les élus. Plusieurs, dont Jacques Demers, estiment que la gestion de ces infrastructures doit se faire sous un autre modèle estimant qu’il s’agit d’administratif et non politique.
« Il faudrait sortir cela de la politique. Ce sont des investissements obligatoires. Quelqu’un qui choisit de ne pas investir pendant un laps de temps fait une erreur. Ce sont des choses qu’on ne voit pas, c’est sous le sol. On pourrait même ajouter les routes à cela et d’autres éléments. Si on sait que l’on doit refaire certaines choses sous une base de 10 ou 40 ans, on ne prendrait pas de retard et saurions quels investissements nous aurions à faire. »
Les normes environnementales et d’ingénierie ont aussi des impacts importants sur le déroulement des travaux et leur coût, convient M. Demers. « Il y aura toujours des questionnements. Il arrive souvent que la loi, appliquée par des fonctionnaires sur un territoire dans leur interprétation de cette loi, il semble y avoir des variantes. On se demande souvent comment il se fait qu’on doive produire rapport par-dessus rapport. On n’a pas une machine qui se parle et nous devons faire le lien entre ces machines-là. Chacune d’elles peuvent te bloquer sur n’importe lequel dossier également », se désole M. Demers, qui estime tout de même que le rôle d’un élu municipal est valorisant et souhaite voir plusieurs personnes s’impliquer lors de la prochaine élection générale.