La boulangerie Vachon a 100 ans aujourd’hui
L’usine Vachon de Sainte-Marie souffle ses 100 bougies cette année (officiellement le 4 octobre). Fait plutôt méconnu dans l’histoire, l’entreprise a pour nom Vachon, mais a été fondée en réalité par une épouse et mère de famille, Rose-Anna Giroux, née à Saint-Elzéar en 1878.
Autre fait méconnu dans l’histoire, Rose-Anna Giroux, épouse Joseph-Arcade Vachon et mère de onze enfants, a choisi de démarrer l’entreprise familiale, vers le début de l’automne 1923, avec pour objectif de réunir sa famille, dont trois de ses fils partis travailler aux -États-Unis dans le domaine de la construction.
« On parle beaucoup du masculin quand on parle de l’usine Vachon, car quatre de ses fils ont beaucoup été impliqués dans l’histoire, mais sans Rose-Anna Giroux, cela n’aurait jamais eu lieu », explique Maude Poirier, agente de développement touristique au Service des loisirs de la Ville de Sainte-Marie.
« Son rêve de mère était de regrouper la famille et rapatrier ses fils, et surtout de convaincre les plus jeunes de rester, eux qui souhaitaient suivre leurs frères. À l’époque de l’achat de la première boulangerie, celle de la famille Leblond de Sainte-Marie, l’un de ses fils,-Rédempteur, était de passage et sur le point de repartir aux États-Unis. Il est finalement devenu boulanger. »
Les choses ont toutefois démarré lentement pour l’entreprise et la famille Vachon avant que les ventes de la boulangerie augmentent véritablement en 1925 et grâce à l’arrivée d’une camionnette, à la fin de cette décennie, au sein de l’entreprise familiale. C’est finalement en mai 1928 que l’entreprise intègre les gâteaux à la vente de pain, un succès immédiat.
En 1936, le manque d’espace se fait sentir et la famille Vachon choisi de faire l’acquisition de l’immeuble de l’entreprise Diamond Shoe, qui fabrique des chaussures, pour le transformer en pâtisserie.
Autre fait particulier, c’est la guerre qui leur a permis de se propulser sur les grands marchés, malgré plusieurs difficultés au départ en raison du rationnement longtemps imposé par les autorités. « C’est surtout pour le sucre et la graisse qui étaient des éléments essentiels. Il y a eu un peu de contrebande et quelques histoires un peu loufoques à propos de ça. L’armée canadienne est même devenue leur plus gros client et la famille a pu renégocier les termes de son rationnement ». indique Maude Poirier.
Si les femmes étaient peu nombreuses sur le marché du travail au milieu du siècle dernier, elles étaient tout de même nombreuses à œuvrer au sein de l’entreprise, de part la nature du travail à accomplir. « La majorité du personnel d’usine était composée de femmes. C’est même Simone, l’une des filles de Rose-Anna, qui était chargée du recrutement de ces femmes qui avaient pour tâche d’assembler les gâteaux. Tout était fait à la main à cette époque. Aujourd’hui, -Simone serait contremaître dans l’usine, ce qui était impensable à l’époque. »
Ainsi, la naissance et le succès de l’entreprise Vachon sont attribuable uniquement à la détermination d’une mère et de ses enfants. « Les gens sont toujours un peu surpris d’apprendre que Joseph-Arcade Vachon n’avait pas d’éducation. Rose-Anna à peine une 5e année et c’est elle qui faisait la comptabilité de l’entreprise, à la main. Toute la famille a appris sur le tas. C’était un très gros pari pour des gens très modestes. »
Maude Poirier estime que c’est la détermination d’une mère qui souhaitait avoir ses enfants à ses côtés qui est au cœur de la naissance de l’entreprise. « C’est une époque où les familles étaient nombreuses et où elles se déchiraient souvent, car le travail était rare au Québec. C’était une maman, avant d’être une entrepreneure. Elle est devenue entrepreneure, parce qu’elle était une maman qui voulait être avec ses enfants au point de tout sacrifier. »