Guerre commerciale : potentiels milliards perdus en agriculture 

AGRICULTURE. La guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada fait craindre le pire aux entrepreneurs d’ici. En agriculture, 68 % des exportations bioalimentaires québécoises prennent la direction de nos voisins américains, pour une valeur annuelle qui dépassait les 8 G$ en 2023.

« Le sirop d’érable serait le plus grand perdant (des tarifs douaniers de 25 %). C’est 60 % de notre production qui s’en va aux États-Unis. Les industries du porc et du bovin seront aussi à surveiller, entre autres à cause des compagnies possédant des abattoirs chaque côté de la frontière […] Le problème, c’est qu’on vit présentement dans l’incertitude totale », affirme le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) en Chaudière-Appalaches, James Allen. 

L’implantation de contre-tarifs sur les intrants américains, idée énoncée par divers milieux, serait catastrophique pour les agriculteurs. Engrais et fertilisants, essentiels pour la culture, proviennent surtout des États-Unis en ce moment.  

« C’est la même chose pour nos équipements et leurs pièces de rechange. Les vendeurs américains augmenteraient leurs prix (avec les contre-tarifs). Nous n’aurions pas le choix de refiler la facture au consommateur », dit M. Allen. 

Avec l’arrivée imminente d’une campagne électorale fédérale, tous les partis politiques se sont engagés à protéger la gestion de l’offre. « C’est une excellente nouvelle. […] Quand on voit la douzaine d’œufs à 14 $ aux États-Unis, à cause de la grippe aviaire, ça prouve que notre système fonctionne à stabiliser les prix », mentionne James Allen.

Achat local et immigration

L’UPA milite depuis longtemps pour le soutien accru de l’achat local. En ces circonstances exceptionnelles, le syndicat appuie les mouvements populaires incitant à privilégier les produits du Québec. 

L’immigration demeure un autre point de tension dans les débats actuels. Des entreprises agricoles, en Chaudière-Appalaches et ailleurs en province, misent en grande partie sur les travailleurs étrangers temporaires. 

« Ça ne touche plus seulement le maraîcher, mais toutes les productions agricoles. Ces travailleurs sont essentiels et on doit avoir la garantie qu’ils seront là », indique James Allen, l’UPA militant pour des aides financières directes aux producteurs si le pire se concrétise dans les semaines à venir. 

« La protection des intérêts agroalimentaires du Québec et du Canada est une responsabilité stratégique incontournable, surtout dans un contexte d’instabilité extrême. Il s’agit, comme la crise sanitaire l’a démontré, d’une question de sécurité nationale », rappelait récemment Martin Caron, président général de l’UPA, qui siège au Conseil sur les relations canado-américaines avec 18 autres partenaires.