Femmes en agriculture : reconnaître leur travail invisible

AGRICULTURE. Un outil novateur conçu pour calculer la valeur du travail invisible, souvent réalisé par les femmes dans le secteur agricole, a été lancé récemment par Les Agricultrices du Québec.

Cette initiative est appuyée par le secrétariat à la Condition féminine afin de reconnaître et valoriser un aspect important, mais souvent ignoré du quotidien des femmes dans le milieu agricole.

« Cet outil est là pour sensibiliser les hommes et les femmes en agriculture », explique la présidente des Agricultrices de la Chaudière-Appalaches Ouest, Caroline Dion.

Cette dernière est agricultrice sur une ferme laitière, située à Saint-Bernard, et travaille également sur une érablière.

Travail invisible

Par le terme « travail invisible », on veut faire ressortir des activités non rémunérées, comme les soins aux enfants, la planification des repas, la prise en charge des tâches ménagères, le bénévolat et les contributions, sans salaire ni part, dans les entreprises familiales.

Selon un rapport du Groupe de recherche sur le travail agricole intitulé Pour mieux comprendre les inégalités entre les femmes et les hommes au sein du travail agricole, publié en 2023, les femmes disent travailler en moyenne 77 heures par semaine, incluant des heures consacrées à des activités non comptabilisées dans les calculs économiques.

Les agricultrices déclarent qu’environ 37 % d’entre elles ont de la difficulté à concilier leurs responsabilités agricoles et familiales. Cette problématique est exacerbée par l’inaccessibilité des services de garde adaptés aux réalités rurales.

« Pour la région Chaudière-Appalaches, les chiffres sont essentiellement les mêmes », précise Mme Dion.

Outil de calcul

Ce nouvel outil soulève les enjeux d’équité économique importants. Bien que les agricultrices assument souvent la planification familiale et les soins aux proches, ce qui augmente leur charge mentale, ce travail n’est pas pris en compte dans les coûts de production.

Autre point essentiel, les résultats de la consultation Femmes et ruralité, réalisée en 2016, dévoilaient que 33 % des femmes travaillant dans l’entreprise de leur conjoint n’ont ni salaire ni part formelle, les exposant ainsi à des situations financières précaires en cas de séparation ou de décès.

Cet outil novateur permettra non seulement de reconnaître des inégalités, mais aussi de revendiquer des politiques mieux adaptées. Toutes les personnes du milieu agricole peuvent dès maintenant utiliser cet outil en ligne afin de mieux comprendre et faire reconnaître leur importante contribution.