Dr Pierre Lemieux: aimé parce qu’il aime
FRAMPTON. Quelle émotion désagréable, celle de se sentir vulnérable devant un médecin. Malade, blessé, inquiet, pris comme des patients à usage unique à jeter après usage… À la coopérative de solidarité régionale de services de Frampton, le docteur Pierre Lemieux fait pour sa part l’apologie d’une médecine plus humaine.
En effet, alors que le système de santé vit différentes remises en question, Pierre Lemieux parle plutôt d’un retour à la base.
« Il y a une tendance à appliquer le modèle des grandes villes dans les petites villes. Mais, dans une grosse unité, le patient devient anonyme. On s’en va dans un chemin qui n’est pas bon. Ça manque d’humanité. Ça serait un désastre de reprendre tout le monde pour les mettre dans une immense boîte », craint-il.
M. Lemieux a soulevé ici que cette façon de travailler recherchée par les jeunes a du bon, tandis que les cliniques de proximité ne sont pas parfaites. Quoi qu’il en soit, celui qui est également fils de médecin ne saurait délaisser son amour pour la simplicité et l’extraordinaire travail de concert avec sa secrétaire.
De plus, il sait pertinemment que les personnes malades apprécient lorsque leur médecin est proche, et ce, autant géographiquement qu’humainement.
« Le contact humain désamorce beaucoup de choses. Les gens se disent: « On va s’occuper de moi. » C’est primordial en médecine de première ligne. Quand tu es malade, le beau côté des choses anonymes, tu ne veux plus ça. Tu veux être écouté », a-t-il déclaré.
De petites attentions
Ainsi, c’est en demeurant fidèle à lui-même que le Dr Lemieux a su gagner le cœur de ses patients, tellement qu’il a déjà reçu des petites attentions de leur part à quelques reprises, tel que du sirop d’érable, des chocolats, ou encore des cartes de souhaits.
« Je n’ai pas besoin de ça pour être heureux, mais ça fait plaisir. Il y a surtout un lien d’appréciation qui ne s’explique pas en paroles », a-t-il commenté, en ajoutant que ses patients lui apportent souvent autre chose sans le savoir: la reconnaissance. « Ce n’est pas toujours demandant et c’est toujours enrichissant! »
Généralement, il prendra même le temps de discuter avec ses patients d’autres sujets que de la maladie. « Ça arrive que des gens m’appellent pour me dire qu’ils vont être en retard parce qu’ils n’ont pas terminé leurs commissions… On ne voit pas ça à Québec! »
Avis à sa clientèle, l’homme de 68 ans entend prendre sa retraite lorsqu’il atteindra 50 ans de pratique, soit dans cinq ou six ans. « Je suis comme les Rolling Stones. La dernière tournée, on ne sait jamais quand elle va arriver! », sourit-il.