Démystifier la ferme porcine familiale

AGRICULTURE. Une soixantaine de producteurs de porcs de la région se sont regroupés, le 20 janvier dernier à Saint-Narcisse, pour en apprendre davantage sur les nouvelles tendances de leur domaine, lors de l’activité « Parlons cochons ».

Réunis à l’invitation de l’entreprise Bernard Breton Inc., chacun des participants a pu entendre le point de vue des conférenciers invités pour l’occasion, soit Alain Lefebvre, Lori-Anne Berthiaume et Simon Brière, présentations qui ont porté sur l’économie, la gestion et les nouvelles tendances en matière de technologies.

Raymond Breton et son équipe souhaitaient, dans un premier temps, démystifier les mauvaises impressions laissées sur la ferme porcine familiale en général, surtout que l’industrie a subi des coups durs au cours des dernières années.

« Nous avions 45 fermes familiales présentes à la rencontre et nous avons eu besoin de regrouper des producteurs de 14 municipalités pour y parvenir. Il y a cinq ans, nous avions ça dans deux ou trois municipalités », explique M. Breton.

« On souhaitait les informer, les stimuler et les encourager. On songeait au départ à une quinzaine de fermes invitées, mais on a choisi d’élargir l’invitation pour que tout le monde reçoive le même message en même temps. »

Alain Lefebvre de Jyga Technologie est le premier à s’être adressé aux invités et dans son message, indiqué que l’accès aux technologies doit être une option, a-t-il pris soin de préciser. La technologie doit uniquement permettre de régler un problème dans la vie, dans une industrie et autres. « Si le développement est fait dans le but d’assouvir ou de régler une situation ou un besoin, on va y chercher des avantages. Ce n’est pas pour créer un besoin, mais le combler. »

Le taux de succès d’un investissement versus la productivité et les bénéfices doit d’abord être évalué, insiste-t-il. « Il faut que ce soit atteignable comme objectif. Il faut passer à l’étape de rendre les choses simples. S’il fallait être programmeur informatique pour être en mesure d’utiliser nos téléphones aujourd’hui, ce n’est pas tout le monde qui en aurait », a-t-il illustré.

Spéculation versus gestion optimale

Propriétaire d’une entreprise en élevage porcin, Lori-Anne Berthiaume de Saint-Elzéar est venue raconter les leçons apprises à la suite de l’incendie de sa ferme survenu en mars 2023. Elle s’est relevée de cette épreuve, tout en améliorant sa productivité, elle qui produit environ 45 000 porcs annuellement.

« La décision de rebâtir s’est prise rapidement. Je suis relève depuis huit ans, alors j’ai des dettes. Il fallait trouver un côté positif à quelque chose de négatif. Je suis une fille de finances, alors je cherchais des solutions sur le terrain et comment faire. Je suis retourné à la ferme et y ai travaillé à temps plein plusieurs mois, ce qui m’a aidé à comprendre des choses », a-t-elle résumé.

Si la gestion doit être optimale, l’apport des ressources humaines doit être au cœur de toutes les réflexions, insiste-t-elle. « Il faut compter. On a besoin d’une bonne main-d’œuvre et avoir une vision commune des choses. Nos employés doivent être stimulés et motivés et souvent, c’est le salaire qui fait la différence. C’est rentable d’avoir une bonne main-d’œuvre. Tout le monde est gagnant. »

Expert des marchés financiers, Simon Brière avait pour mission d’expliquer de quoi l’économie pourrait avoir l’air, particulièrement en agriculture. Sachant que l’industrie du porc a été particulièrement touchée, dans la dernière année, avec la fermeture de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction, il observe que des turbulences sont toujours présentes.

« Tout est spéculatif, oui et non. Il y a une offre et une demande qu’on ne peut prédire. On veut produire quelque chose qui est en demande, mais on ne peut changer notre fusil d’épaule rapidement, car la théorie du changement existe, mais l’être humain ne change pas si facilement. La plupart veulent que ce soit les autres qui changent, alors ce n’est pas rapide. »

Pour lui, la mondialisation de l’agriculture est toujours possible, malgré des épisodes comme celui de Vallée-Jonction. « Il y a des pays qui se fient sur l’importation de denrées pour combler certains besoins. Le nord de l’Afrique est un exemple. On a cette capacité de trouver des solutions au courant générationnel et au déplacement potentiel de productions », a-t-il pris soin de préciser.