Une beauceronne agressée déçue du système
JUSTICE. Une Beauceronne, âgée dans la cinquantaine, déplore le traitement qu’elle a connu après avoir porté plainte contre son agresseur. Dans son cas, c’est son propre conjoint qui l’a agressé à quelques reprises, dénonce-t-elle.
Des événements du genre entourant quelques personnalités connues ont été médiatisés au cours des derniers mois. La déception de voir le système de justice ne pas retenir sa déposition est ce qui l’incite à vouloir partager son histoire.
Celle dont nous tairons le nom, pour des raisons légales, raconte avoir été agressée par un homme qu’elle connaissait depuis son enfance et qui provenait du même village. Leur relation a débuté en août 2019. À la fin du mois de septembre, elle lui propose de se partir en affaires ensemble. La lune de miel ne dura toutefois pas.
Une fois leur commerce opérationnel, elle raconte notamment que lors de la saison estivale 2020, les fins de semaine étaient plus exigeantes. « J’allais dormir chez lui pour l’aider. J’étais épuisée de mes journées. On travaillait 7 jours sur 7. On buvait du vin au souper, ce qui me rendait encore plus amortie. La seule chose que je voulais, c’était d’aller me coucher. Je prenais aussi, un médicament pour dormir. Il a commencé à me faire des avances et je lui ai dit à maintes reprises non, que j’étais épuisée et à moitié endormie, mais il insistait… »
Elle allait toutefois avoir une mauvaise surprise un peu plus tard. « À un moment donné, j’ai senti mes genoux s’écarter, ce qui a commencé à me réveiller. Peu après, j’ai senti une pesanteur sur moi. J’ai réussi à m’ouvrir les yeux. Ce que j’ai vu devant moi, ce n’était pas ce que je m’attendais de voir », précise telle.
Sa seule réaction en fut une de surprise. « J’ai figé, et je n’ai même pas été capable de bouger, de parler et de me défendre. Une fois qu’il s’est aperçu que je me réveillais, il a arrêté en me disant qu’il avait l’impression qu’il me violait. Il s’est recouché à mes côtés et je me suis rendormie sans jamais avoir eu aucun souvenir de cet événement. »
Ne sachant pas ce qu’il lui avait fait, elle continua sa relation amoureuse avec lui. Elle avoue qu’un autre évènement similaire s’était reproduit. « Je l’avais encore refusé à maintes reprises. Il savait très bien que je n’étais pas dans un état pour me défendre. Ça avait marché une fois, alors, il l’a refait. Encore une fois, je n’en ai eu aucun souvenir. »
Pas le seul événement
D’autres agressions ont aussi eu lieu, raconte-t-elle, alors qu’elle avait mis fin à cette relation qui était devenue toxique. « Il était devenu irrespectueux, m’insultait souvent, jouait à la victime et me manipulait en affaires. »
Ce lien d’affaires est ce qui a incité la dame à continuer de travailler en sa compagnie, précise telle. « C’était quand même moi qui avais parti ce business. Derrière le comptoir, pendant que je servais un client, il s’est passé la main sous ma robe et m’a touché mes parties intimes. Chez moi lors d’un souper, après lui avoir bien mentionné que je ne voulais rien savoir, il s’est mis à m’agresser. Le lendemain matin, rendu au travail, il m’a insulté en me disant que j’avais juste à me laisser faire. C’était un homme si gentil au début qui était devenu un monstre et le pire cauchemar de ma vie. »
Ce n’est qu’un an après, en mai 2021, qu’elle décida de porter plainte à la suite d’une conversation avec une amie qui lui fit réaliser la gravité de ces agissements. C’est d’ailleurs en racontant son histoire aux policiers qu’elle s’est remémorés certains des événements. « Ça frappe de se souvenir de ce qui s’était vraiment passé, surtout un an plus tard. Je ne comprenais plus rien. Je ne pensais jamais qu’un jour je vivrais un calvaire comme ça à cet âge là avec lui, surtout que nos familles se connaissent bien et qu’on vient d’un p’tit village. »
En décembre 2021, elle rencontre les intervenants du procureur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de Saint-Joseph et une deuxième fois en avril 2022. Elle raconte avoir trouvé ces rencontres choquante et décevante pour une victime. « On m’a mentionné qu’il n’y avait pas assez de preuves ou de témoins pour poursuivre mon agresseur, mais que ce n’était pas parce qu’on ne le poursuivait pas, qu’il n’avait pas fait ce qu’il m’avait fait. »
Elle estime en outre que la procureure affectée à son dossier a peut-être manqué à son devoir. « Je pense sincèrement qu’elle en avait assez pour procéder dans mon cas. Mon agresseur avait corroboré à tout ce que je lui avais exposé. »
Notre victime accepte difficilement la situation et avoue qu’elle ne s’attendait pas à un tel constat des autorités. Elle indique que sa démarche vise surtout à briser le silence et de dénoncer la façon donc plusieurs victimes se font traiter par le système juridique. « On le voit très bien à la télévision. Maintenant on voit de plus en plus des femmes qui dénoncent. Il faut briser le silence et dénoncer! Surtout, n’ayez pas honte, c’est à ces agresseurs que revient cette honte. Il a complètement scrappé ma vie et je dois apprendre à me rebâtir. »