Trop, c’est comme pas assez

C’est par cet élément de réflexion que le juge Hubert Couture a pris sa décision, le lundi 18 avril dernier au Palais de Justice de Saint-Joseph. Accusé d’entrave au travail des agents de la paix, Francis Boulay de Saint-Georges parlait plutôt d’une arrestation brutale et sans motif raisonnable. M. le juge a finalement penché du côté des policiers.

Ce lundi, deux versions ont été racontées d’un événement survenu le 25 mai 2014. Dans leurs dépositions, les policiers parlaient de deux hommes assis sur un banc de parc vers 1 h du matin. L’un d’eux, Éric Sinotte (cousin de l’accusé), tenait une bière entre ses cuisses. À l’arrivée des policiers, M. Boulay aurait pris une gorgée de la bière, aurait refusé de s’identifier et a incité son cousin à faire de même, aurait été arrogant, et aurait tenté de se sauver. Finalement, les agents de la paix ont dû se mettre à quatre pour le faire entrer dans l’auto-patrouille.

De son côté, l’homme de 38 ans prétendait qu’il ne s’agissait pas d’une bière mais d’une liqueur, qu’il n’a pas pris de gorgée, qu’il voulait bien s’identifier mais qu’il n’avait pas ses papiers, qu’il a été fouillé à cause de son allure de mauvais garçon (car son cousin, qui avait la boisson, n’a pas été fouillé), qu’il ne serait jamais parti à courir à cause de blessures passées à ses talons et genoux, et qu’il ne s’est pas débattu à l’arrestation. Par contre, une fois plaqué au sol, une grosse racine l’aurait blessé au cou et à l’épaule. « Ils ne m’ont jamais demandé de me lever. J’ai une bonne réputation. Je ne briserais pas ça. […] Si j’avais bu une bière, ça n’aurait pas été une Corona. La seule paix qui a été troublée, c’est celle de moi et Éric », a-t-il commenté.

Quant au dénommé Éric Sinotte, il n’a pas témoigné au procès puisqu’il réside en Gaspésie. Aux dires des policiers, celui-ci avait pour sa part bien collaboré pendant l’intervention.

« C’est à la poursuite de prouver hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’individu. La question est: est-ce que je crois l’accusé? La réponse est non », a affirmé Hubert Couture. Entre autres, il est d’avis que le témoignage très chargé de M. Boulay enlevait de la crédibilité à l’ensemble de son histoire. Ce faisant, le Georgien devra payer une amende de 225 $ (plus les frais habituels) dans un délai de huit mois.