Procès Ovalle Leon: on demande entre 5 et 10 ans de prison

L’étau se resserre pour Pedro Antonio Ovalle Leon, qui a vu son dossier être débattu une dernière fois le lundi 21 novembre dernier au Palais de Justice de Saint-Joseph. Accusé de 14 chefs d’accusation dont de conduite dangereuse causant la mort, le Guatémaltèque connaîtra sa peine le 27 février.

Rappelons que le 22 août 2015, l’accusé avait pris la voiture de son employeur sans son consentement alors qu’il avait les facultés affaiblies par l’alcool et les méthamphétamines. Dans cet état, sur la route 171 à Scott, il a circulé en sens inverse à environ 130 km/heure dans une zone de 50. L’accident qu’il a causé a entraîné la mort de Dereck Bolduc-Coulombe de Saint-Lambert-de-Lauzon et de Louis-David Fournier de Saint-Bernard, ainsi que des lésions corporelles à Mélinda Guay-Dionne et Gabriel Langlois.

Venu clarifier un dernier point, l’agent reconstitutionniste Yves Brière a expliqué à la cour que selon le moment de la collision, la vitesse des deux véhicules et le temps de réaction moyen des individus, tout porte à croire que Ovalle Leon aurait entrepris un mouvement de volant non pas parce qu’il avait vu l’autre véhicule, mais justement parce qu’il avait remarqué qu’il ne conduisait pas dans la bonne voie.

Derniers témoignages

Clarification faite, les deux survivants ainsi que différents proches des victimes sont venus exposer à la cour quelques-unes des conséquences que l’accident avait faites sur leur vie.

Dans son témoignage, Viky Coulombe, mère de Derek, a notamment souligné que depuis le décès de son garçon, sa fille ne rit plus et est devenue très renfermée. « Tous nos projets se sont envolés avec lui. Après sa sentence, il (l’accusé) pourra se refaire une vie. J’espère qu’il vivra assez longtemps pour qu’il puisse réaliser tout le mal qu’il nous a fait. »

Plus tard, par le biais de lettres, Gabriel Langlois a expliqué que c’est lui qui devait conduire ce jour-là. Mais, puisqu’il avait consommé quelques bières, il avait cédé le volant à Louis-David. Donc, en plus des douleurs physiques, des mois de physiothérapie et de son changement obligé de carrière, il est depuis rempli de remords.

Dans le même ordre d’idées, Mélinda Guay-Dionne a quant à elle été hospitalisée pendant quatre semaines, dont deux où elle était dans le coma. Elle ne conserve aussi aucun souvenir de l’accident. « Au début, je pensais avoir été attaquée par un animal », croyait-elle pour expliquer sa présence à l’hôpital. Elle souffre également de migraines, de blancs de mémoire, de différentes douleurs et de fatigue.

Pour sa part, bien qu’il n’ait pas officiellement fait d’excuses, l’accusé a lui aussi lu une lettre dans laquelle il demande aux familles de lui pardonner. À en croire les réactions dans la salle, ses mots n’ont pas été chaudement accueillis. Certains ont même quitté l’endroit lorsqu’il a affirmé que jamais il n’aurait pensé faire quelque chose de semblable. « Dieu est témoin. Je fais des prières quotidiennes pour les jeunes et pour les familles. Je sais que jamais je ne trouverai les mots pour soulager la peine de votre cœur et de votre âme. Ceci est la première et la dernière fois que je mets les pieds dans une prison. Je souhaite que Dieu donne de la force à chacun d’entre vous », a-t-il déclaré (traduit de l’espagnol).

On plaide

Au temps des plaidoiries, l’avocate de la défense Marie-Michèle Longchamps a indiqué que son client avait reconnu sa culpabilité, qu’il est sans antécédent, qu’il a exprimé des remords et des regrets, et qu’une peine plus sévère n’a pas nécessairement plus d’impact. Si elle est d’accord pour dire que le crime recommande un temps d’emprisonnement, elle demande à la juge Rena Émond de considérer une sentence de cinq ans de prison, à laquelle serait retranché le temps passé en détention provisoire (684 jours à temps et demi, en date du 21 novembre). « La dénonciation est importante, mais tous les facteurs doivent être pris en considération. Il faut punir l’individu et non pas le crime », dit-elle.

Rappelant l’immense fléau social qu’est l’alcool au volant, Audrey Roy-Cloutier, procureure de la couronne, se demande quel message il faut envoyer non pas seulement à la société, mais aussi aux travailleurs étrangers qui, comme Ovalle Leon, viennent travailler au Québec. « On n’a pas besoin d’avoir un lourd casier judiciaire pour avoir une peine sévère. La peine doit être proportionnelle à la gravité et au degré de responsabilité de l’accusé. La responsabilité de M. Ovalle Leon est entière. Il est nécessaire de sévir. » Me Roy-Cloutier propose de son côté une peine variant entre 8 et 10 ans d’emprisonnement, doublé d’une interdiction de conduire pendant sept ans.

La décision sera connue au Palais de Justice de Saint-Joseph le lundi 27 févier. L’annonce en a fait soupirer quelques-uns. Notamment, pour Natasha Bolduc-Blouin, tante de Derek, le 27 février semble très loin. Pourtant, même après cette date, la décision n’aura pas bouclé la boucle, car la peine ne se fait pas plus petite avec le temps. Mme Bolduc-Blouin n’a enfin pas souhaité commenter la sincérité des remords de l’accusé, ni la sévérité de la peine à venir.