Le juge n’a pas cru le « chasseur de pédophiles »
Jacques Poulin, 64 ans de Saint-Georges, demeurera derrière les barreaux pendant encore 12 mois. Ses explications nébuleuses en ce qui a trait à sa possession de pornographie juvénile n’ont en effet pas convaincu le juge Hubert Couture, qui a prononcé la sentence le jeudi 29 décembre au Palais de Justice de Saint-Joseph.
On se souviendra que Poulin s’est fait pincer en février 2014 avec 66 fichiers de pornographie juvénile, après qu’il ait demandé à une employée du Canadian Tire de lui montrer comment accéder aux fichiers de sa clé USB avec sa tablette électronique. D’autres fichiers avaient également été retrouvés sur une autre clé, sur la tablette, ainsi que sur l’ordinateur de l’accusé.
Rappelons également que son titre autoproclamé de « chasseur de pédophiles » vient du fait que par le passé, il s’était amusé à parler avec des hommes adultes sur MIRC (ancien logiciel de clavardage) en prenant les traits de Marie Bernard, une gamine naïve de 11 ans inventée de toutes pièces. Ce stratagème avait permis l’arrestation d’individus en octobre 2007, novembre 2009 et avril 2012.
D’une part, l’avocat de la défense Sébastien St-Laurent a soulevé que le nombre de fichiers retrouvés est très petit, comparativement à ce que la cour a pu observer dans d’autres dossiers. « Une personne qui détient 2000 fichiers est-elle plus déviante qu’une personne qui en déteint 20 ou 200 ? », s’est questionné le juge Couture. Mais, en l’absence d’un rapport sexologique, aucune conclusion n’a pu être formulée ici. Enfin, Jacques Poulin n’a aucun antécédent en pareille matière, et sa plus proche incartade est un événement de conduite avec les capacités affaiblies datant de 1996. En conséquence, Me St-Laurent proposait une sentence de deux mois d’incarcérations (en plus des neuf passés en détention provisoire).
À l’accusation, la procureure de la couronne Audrey Roy-Cloutier était plutôt d’avis que le crime devait être puni sévèrement, puisqu’il a accédé, possédé et produit (avec du collage de photos) du matériel de pornographie juvénile sur une longue période. Elle recommandait donc 18 mois d’incarcération.
À la fin, M. le juge a surtout noté les hésitations et l’absence totale de responsabilisation de l’accusé. Ce faisant, Poulin demeurera en prison pendant la prochaine année. La sentence inclut une peine de six mois pour quatre bris d’engagement. Alors qu’il était en liberté, le Georgien a effectivement utilisé un ordinateur et un téléphone cellulaire à plusieurs reprises, dont une fois dans la salle de bain du poste de police, alors qu’il lui était interdit de le faire.
Il est à noter que la sentence est liée à une probation de trois ans, une interdiction de se trouver à moins de 500 mètres des parcs, écoles, centres communautaires et terrains de jeux pendant huit ans, une autre interdiction d’utiliser un ordinateur ayant accès à Internet pendant la même période (sauf pour ses comptes bancaires et en compagnie d’un adulte), et son nom apparaîtra au registre des délinquants sexuels à perpétuité.