Une nouvelle règlementation pour encadrer les projets serricoles
AGRICULTURE. Devant composer avec l’arrivée prochaine d’une première serre agricole sur son territoire, la municipalité de Saint-Isidore vient d’adapter un premier règlement visant à encadrer ce genre de production.
Celui-ci viendra encadrer ce type d’installations, utilisant un éclairage artificiel de type photosynthèse intérieur, en obligeant l’intégration de rideaux occultants verticaux et horizontaux pour limiter la fuite de lumière vers l’extérieur. Aucune lampe installée à l’intérieur ne devra être directement visible à partir de l’extérieur du bâtiment.
Aussi, toute serre ou ensemble de serres d’une superficie de plus de 200 mètres carrés, située à une distance de 250 mètres et moins d’une résidence, devra ajouter un écran tampon végétal entre ce côté de la serre et la résidence concernée.
Cette règlementation a été mise de l’avant puisque le projet en question, une serre de laitue entièrement robotisée, est sur le point de se déployer dans un secteur isolé de la municipalité, le rang Dalhousie. Des citoyens du secteur avaient d’ailleurs levé la main il y a quelques semaines, s’inquiétant des impacts sur l’environnement et le voisinage. Si la venue de camions de livraison dans le secteur et la présence de lumière, particulièrement en hiver font partie des inquiétudes soulevées, pour d’autres, c’est le principe de voir une terre riche et fertile entièrement bétonnée pour faire place à de la robotisation et des bâtiments qui est soulevé.
Le maire de Saint-Isidore, Réal Turgeon, estime que sa municipalité a joué son rôle. « Nous sommes à 98 % en milieu agricole à Saint-Isidore. C’est un règlement qui met en place des besoins atténuants pour apaiser certaines choses. Compte tenu qu’il n’y a pas d’odeurs, la loi ne nous permet pas de mettre des restrictions au niveau des distances. C’est pourquoi le règlement est axé sur l’aspect luminosité. »
Il ajoute tout de même que les promoteurs du projet sont de bonne foi, surtout qu’ils ont communiqué avec la municipalité avant de mettre de l’avant leurs intentions. « S’ils s’étaient présentés en février dernier avec leurs plans et devis, nous aurions été dans l’obligation de leur accorder leur permis de construction sans aucun encadrement. Leur intention était d’aller rencontrer le voisinage pour expliquer le projet, sauf qu’une fuite a fait que la nouvelle s’est répandue plus rapidement. Ces rencontres ont eu lieu depuis, alors les gens ont maintenant les coudées franches. »
Une nouvelle mode
Des résidents du secteur ayant soulevé des questions observent qu’à tout le moins, un encadrement existe maintenant. « Les propriétaires sont de bonne foi et maintenant, il y a une règlementation. Nous sommes conscients que c’est une agriculture d’avenir. La seule inquiétude qui demeure est que ce type d’agriculture risque d’être la mise en place d’entreprises de grande envergure. On souhaitait mettre l’accent sur le fait que nous avons demandé une distance d’éloignement avec nos propriétés mais malheureusement, la municipalité nous dit que c’est impossible légalement de l’exiger. Sommes toutes, ils ont réussi à mettre en place des réglementations qui n’existaient pas à ce jour ».
Ce type de projet semble vouloir devenir monnaie courante et sur la possibilité que ce règlement puisse être repris à l’échelle régionale ou ailleurs, le maire Turgeon est d’avis que d’autres municipalités ou MRC pourraient aussi s’en inspirer. « Certaines localités de la région ont des projets du genre sur la table. La MRC du Granit a un règlement axé sur l’éclairage et un projet majeur est en évaluation à Saint-Félicien au Lac-Saint-Jean ».
Premier vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) et lui-même producteur laitier à Saint-Joseph-des-Érables, Paul Doyon distingue une volonté gouvernementale d’augmenter ce type de productions pour rehausser l’autonomie alimentaire de la province. « Il est certain qu’au niveau du gouvernement du Québec, il y a une intention d’augmenter la production serricole de la province. Des complexes vont s’installer dans certaines régions, c’est sûr. »
Selon lui, il est inévitable que des complexes du genre s’installent éventuellement dans des secteurs plus isolés, mais aussi près des périmètres urbains. « Quand on veut implanter des productions en serre, si on peut avoir accès au gaz naturel et des réseaux triphasés au niveau de l’électricité, c’est plus intéressant pour la rentabilité éventuelle d’une entreprise. Il peut donc arriver que l’on soit plus près des villes ou des centres urbains. »