Une décision lourde de sens, selon Réal Turgeon

SANTÉ.  Le maire de Saint-Isidore, Réal Turgeon, déplore la décision du CISSS Chaudière-Appalaches d’avoir choisi de modifier la mission du CHSLD de sa localité qui accueillir dès l’automne des usagers adultes en perte d’autonomie vivant avec une déficience intellectuelle et nécessitant des soins de longue durée.

Pour M. Turgeon, cette décision s’est prise sans consultation avec le milieu pour voir si d’autres possibilités avaient pu être étudiées. « On ne se préoccupe pas de ce que les aînés veulent vraiment. On les traite comme des numéros. Ce n’est pas de poignées de porte en or qu’ils veulent. Ce qu’ils souhaitent, c’est la proximité avec leurs amis, leur famille, leurs petits-enfants. Ce qui se passe maintenant chez nous, ce que quand tu sors de la maison ou de ton appartement, parce que tu n’as plus ou moins de mobilité, la seule option est de t’expatrier à l’extérieur. »

M. Turgeon rappelle qu’une résidence pour personnes aînées opérait à Saint-Isidore il y a deux ans, sauf qu’elle a fermé ses portes entretemps. « Cette résidence proposait 16 places et offrait une belle transition entre la résidence et le CHSLD. Avec la fermeture du CHSLD, nos aînés n’ont plus d’option lorsqu’ils sortent de chez eux. »

Chantal Caron, directrice de l’hébergement en programme soutien à l’autonomie des personnes aînées., indique que le bâtiment de Saint-Isidore fait partie des endroits les plus vétustes du parc immobilier de l’agence et que des rénovations étaient prévues depuis un certain temps. « Les analyses ont montré que les possibilités de répondre à certaines des nouvelles normes auraient été difficiles, puisqu’il est impossible de jeter des murs par terre, ceux-ci étant en béton. Avec un budget de rénovation normal, c’était impensable. Aussi, nous avons besoin de plus d’espace puisque lorsque ces bâtiments ont été construits, les usagés étaient davantage autonomes donc, les espaces plus petits. On ne peut donc pas agrandir les pièces pour rendre le tout optimal. »

M. Turgeon déplore aussi la perte du personnel dans cette démarche, puisque les employés de Saint-Isidore seront aussi relocalisés à Saint-Étienne. « Le personnel suit, selon ce que l’on m’a donné. Ils n’ont pas de personnel pour leur Maison des aînés. Ça fait trois ans que c’est prévu et ils grattent partout pour en trouver. »

En plus des résidents et du personnel de Saint-Isidore, les résidents du CHSLD de Sainte-Hénédine seront aussi logés un certain temps à cet endroit, le temps que les travaux de réfection du bâtiment ne se réalisent. Là aussi, le personnel est temporairement relocalisé à Saint-Étienne. Des craintes en Beauce existent que les employés choisissent de demeurer à Saint-Étienne, plutôt que de revenir à Sainte-Hénédine au terme de la réfection du bâtiment.  

Sur ce sujet, Chantale Caron confirme que le manque de personnel à Saint-Étienne force le CISSS à conserver des gens sur une liste d’attente, plutôt que de parvenir à les loger à sa nouvelle Maison des aînés. « On fait face à des défis de recrutement pour occuper nos 120 places. On a choisi d’essayer de le transformer en opportunité. Quand on fait des rénovations, on doit reloger les résidents temporairement, ce qui occasionne des désagréments. Saint-Étienne offre d’atténuer tout ça. »

Urbain versus rural

Plusieurs élus haussent le ton depuis un certain temps voyant que les orientations et décisions gouvernementales favorisent davantage les milieux urbains que les localités rurales. « Les municipalités et les unions municipales parlent régulièrement de l’importance de leurs services de proximité dans les petits milieux. Plusieurs RPA ont fermé dans la région au cours des dernières années », rappelle Réal Turgeon, qui soupçonne que la rigidité de la règlementation soit un facteur.

« Les normes du CISSS sont trop restrictives, comparativement à ce dont nos aînés ont vraiment besoin. Chaque fois qu’une RPA ferme en région, ils prennent la direction des grandes villes ou des villes-centres. Les petites municipalités sont toujours perdantes. »

M. Turgeon ne croit pas non plus que le maintien à domicile soit la solution. « C’est beau en théorie. Le manque de personnel n’est pas seulement dans les résidences, mais aussi dans les services de coopératives ou autres. Souvent les gens dans le privé sont sous-payés, alors ça prend des moyens aussi pour ce système. Ça nécessite beaucoup de coordination et tu te ramasses avec plein de monde pour coordonner tout ça, au lieu d’avoir des gens pour donner le service aux patients. »

Entretemps, Réal Turgeon a adressé une demande formelle au CISSS pour l’établissement d’une ressource intérimaire à Saint-Isidore. « Il y a un besoin à combler. Il faut que le CISSS nous supporte et moyens et en financement pour ce type de ressources. On n’a pas besoin de 40 chambres, mais avoir quelque chose de 15 à 20 unités comblerait le besoin pour Saint-Isidore. »