Une année record pour les producteurs de bois en 2022
FORÊT. Si les producteurs de bois de la région ont récolté un volume semblable à l’année précédente, la valeur des livraisons a toutefois connu une hausse appréciable en 2022.
C’est le constat livré à près d’une centaine de producteurs ayant assisté à l’assemblée générale annuelle du Plan conjoint des producteurs de bois de la Beauce, le mardi 25 avril dernier au Centre Frameco de Saint-Joseph.
Plus précisément, les livraisons de bois à pâte se sont maintenues au niveau de 2021, soit à 95 653 tonnes. Cependant, leur valeur a grimpé d’environ 23 % en 2022, pour atteindre 3,26 M$, indique le directeur général de l’association, Éric Cliche. La valeur au chemin du bois de sciage a quant à elle bondi de 25 M$, passant de 53 à 78 M$.
Ainsi, l’année 2022 a été la meilleure en termes de volume et de prix pour les producteurs. Toutefois, M. Cliche estime que les producteurs n’ont pas profité au maximum des augmentations liées à la pandémie. « C’est mieux que c’était, mais déjà en baisse depuis le début de 2023. On garde un goût amer du fait qu’on n’a pas eu accès aux profits de la période pandémique pour nous moderniser nous aussi, comme l’ont fait les industriels. Nous avons un prix correct à l’heure actuelle, mais on sent que les scieurs le maintiennent de façon artificielle pour le moment, car ils veulent maintenir l’appétit des producteurs et garder leurs employés », observe-t-il.
Cet appétit pour davantage de revenus dédiés aux producteurs, M. Cliche l’explique par le fait que les prochains mois pourraient être plus difficiles, pour différentes raisons. « Les scieurs se compétitionnent, ce qui n’a possiblement jamais été le cas. Il risque d’y avoir une instabilité dans le prix éventuellement et le producteur devra être prudent s’il décide de bûcher son bois pour le faire au bon moment, ou encore le faire par étape pour éviter d’avoir de trop grands écarts. Si on s’attend à une baisse des prix d’ici à la fin de l’année, on prévoit déjà un retour à la hausse au début de 2024. »
Ce n’est un secret pour personne que les entreprises de sciage ont fait de bonnes affaires pendant la pandémie. Éric Cliche aimerait que tous les secteurs de la filière puissent profiter des périodes plus fastes.
« Les moulins sont à temps partagé pour ouvrir de nouveaux marchés. La hausse des taux d’intérêt et la baisse de la construction aux États-Unis ont des effets et ce sont nos marchés niches pour l’instant. Entretemps, il faut que les quatre piliers de la filière du bois, soit le propriétaire, celui qui bûche, le scieur qui le transforme et le transporteur, y trouvent leur compte. Pas seulement un joueur. »
Mise en marché collective
L’Association des propriétaires de boisés de la Beauce a entamé, au cours des derniers mois, une réflexion sur une mise en marché collective dans le sciage. Éric Cliche rappelle que les discussions ne datent pas d’hier. « On en parle depuis 2017. Québec vient d’obtenir une décision favorable de la Régie. On a beaucoup de travail à faire entretemps, puisque l’on souhaite aller à la rencontre des producteurs, soit via leur assemblée de secteur ou leur communauté. On veut leur pouls et que ce soit débattu avant de convoquer une assemblée générale spéciale. »
Sur la réception que ce modèle pourrait avoir chez les producteurs, M. Cliche observe que plusieurs modèles existent. Celui qui sera proposé devra refléter le portrait de l’ensemble de l’industrie. « On connait celui du sirop [d’érable] dans les nouvelles façons de faire. Le lait et la volaille ont aussi leur modèle. On veut trouver celui qui va plaire et qui va permettre aux quatre acteurs de la filière de bien s’en sortir. Il faut que ça crée de la richesse. Le modèle du sirop s’ajuste chaque année, mais au départ, il fallait casser le moule. Nous avons quatre scieurs principaux et ils seront inclus dans notre réflexion. Nous n’avons pas encore de modèle précis, mais avons une idée de ce qui pourrait bien marcher. »
L’organisation a choisi de diviser la présentation de ses assemblées générales annuelles en deux parties. Une première sur le plan conjoint et la seconde, dédiée entièrement à l’Association des propriétaires de boisés. Celle-ci aura lieu le 10 mai prochain. « Ça s’est déjà fait dans le passé. On a choisi de les présenter sur deux soirs, plutôt qu’une journée complète un dimanche. On espère convaincre davantage de propriétaires d’y assister. Plusieurs ont des obligations familiales ou professionnelles et s’engager plusieurs heures n’est pas accessible à tous », estime M. Cliche en terminant.