Transport par taxi : une hausse insuffisante ?

TRANSPORT. Si la MRC Nouvelle-Beauce accueille favorablement la décision de la Commission des transports sur les tarifs du transport par taxi, alors que les transporteurs de la région et d’ailleurs doivent composer avec la hausse des prix des carburants et autres dépenses liées à l’inflation, les opérateurs d’entreprises de taxis sont demeurés sur leur appétit.

En substance, les tarifs de base augmenteront de 18 % par rapport aux tarifs actuels. La Commission ajoute aussi des tarifs particuliers pour les courses débutant entre 23 h et 5 h, en majorant de 15 % les tarifs de base. À noter que les nouveaux tarifs entreront en vigueur le 12 septembre 2022.

L’augmentation accordée s’appliquera de façon uniforme sur les trois composantes du tarif général, soit le prix de départ, le prix au kilomètre et le prix pour le temps d’attente. Bien qu’il s’agisse d’une hausse substantielle, la Commission estime qu’elle est, dans les circonstances, justifiée. Les observations soumises sont à l’effet que les revenus actuels du transport rémunéré de personne sont insuffisants pour couvrir les dépenses d’exploitation des participants de l’industrie, ce qui affecte grandement la rémunération des chauffeurs.

Jean-René Lehoux, propriétaire de Taxi Dulac à Sainte-Marie, estime que la hausse sera la bienvenue, mais la juge insuffisante. À son avis, la situation actuelle ne permet pas d’obtenir une rentabilité convenable. Il perd toujours de l’argent en exploitant son taxi. « Pour nous, en région, le 18 % d’augmentation n’est pas rentable. Nous faisons trop de kilométrage non productif. Si je transporte un client de Sainte-Marie vers Québec, ça me donne environ 100 kilomètres, sauf que je ne suis payé que pour la moitié. Au lieu de me rapporter 1,75 $ du kilomètre, ma course me donne la moitié de cela. C’est pourquoi on souhaitait une hausse de 25 % », résume-t-il.

En région, pas en ville

M. Lehoux espère que des informations plus concrètes soient disponibles à l’automne. « Nous avons déposé un mémoire à M. Bonnardel (François) à l’effet que notre coût de production en région est inférieur aux milieux urbains. Notre moyenne est d’environ 95 sous du kilomètre et non 1,75 $ comme en ville. Ce que nous avons gagné ne correspond pas à nos besoins. »

Le prix de l’essence tend à la baisse depuis quelques jours, ce qui ne permet pas aux taxis en région de respirer, estime-t-il. « Les gens qui prennent le taxi le prennent parce qu’ils n’ont pas le choix, que le prix reste stable ou pas. Ce n’est pas une hausse qui va les empêcher de le prendre. En région, nous n’avons pas tout à proximité comme en ville », lui qui dit composer avec un manque important de main-d’œuvre.

Propriétaire d’une entreprise similaire à Tring-Jonction, Guy Roy est un peu du même avis. « Je suis tout seul pour 9 villages et deux petites villes. Si je fais un transport de Saint-Joseph à Beauceville, ma maison-mère est à Tring-Jonction. C’est facile de déduire que ce type de transport n’est pas rentable pour nous. »

Les MRC de La Nouvelle-Beauce et Robert-Cliche disaient être conscientes des conséquences de l’inflation sur les entreprises de taxi qui effectuent le transport adapté dans la région. Le préfet de la MRC Nouvelle-Beauce, Gaétan Vachon, rappelait récemment que les MRC reçoivent une aide financière en fonction du nombre de transports effectués dans une année, sans tenir compte du kilométrage réellement réalisé.

Avec de tels paramètres, il jugeait l’aide gouvernementale insuffisante pour La Nouvelle-Beauce et pour Robert-Cliche, car certains services essentiels pour les usagers du transport adapté se retrouvent hors des deux territoires, à titre d’exemple, les hôpitaux.

« Nos MRC ont sollicité à plusieurs reprises le ministère des Transports pour qu’il base son aide financière versée pour le transport adapté sur le nombre de kilomètres réellement parcourus par nos transporteurs et non pas uniquement sur le nombre de déplacements. Nous sommes contents que le gouvernement ait réagi. Est-ce suffisant ? On verra. »

Il rappelle que les MRC ne pouvaient faire plus que de sensibiliser les autorités gouvernementales à la chose. « Ce n’est pas nous le payeur, c’est la régie. Nous n’avons que lever le drapeau sur le fait que c’était dur pour nos entreprises de taxi. Il n’y a pas eu de perte de service entretemps, heureusement. »

Lors des présentations faites devant la Commission, plusieurs ont déploré la fermeture de compagnies de taxi, notamment celles situées à Dolbeau, Notre-Dame-du-Lac, Saint-Pascal-de-Kamouraska, Dégelis, L’Islet, Cap-Saint-Ignace et Lac-Mégantic.

Dans sa décision, la Commission faisait valoir qu’il s’agit d’une première hausse depuis 2018 et la Commission a également instauré une modulation tarifaire selon la période de la journée.