Théâtre à Tring-Jonction: la beauté du vice
Festivités des 100 ans de Tring-Jonction
THÉÂTRE. La trentaine d’acteurs bénévoles ont ressuscité la mémoire collective de Tring-Jonction, qui s’inscrit d’une identité décalée, «à côté de la track» de ses voisins.
Le vendredi 13 avril, à 300 personnes près, l’atmosphère de l’Hôtel National s’emplissait de cris d’enfants, d’explosions de rires et de bruits de verres. Tous attendaient le début du spectacle. Dans les loges, le stress était palpable. Les acteurs avaient les yeux rivés sur leurs textes, leurs doigts survolant pour une dernière fois leurs lignes.
La lumière se tamise. La metteuse en scène Nathalie Brunelle apparaît devant les décors: «J’aimerais aussi vous présenter celle qui pense à cette pièce de théâtre depuis 25 ans. Déjà au 75e anniversaire, Pascale Maheu a tenté de réunir un comité, mais une seule personne s’est présentée.» La coorganisatrice, Mme Maheu apparaît sur scène et demande au public une main d’encouragement pour l’incroyable travail des acteurs bénévoles.
Impressions de la pièce
Si la réussite d’une pièce comme les «Cancans de Tring en folie» se mesure par la justesse de leurs blagues, on peut dire que c’est réussi pour l’équipe.
Avec des personnages pas très loin de la réalité, comme le curé Martin de Saint-Frédéric, ayant planté la première graine de la fondation de Tring par son refus de voir le chemin de fer arrivé dans sa paroisse, ou la performance caricaturale, saluée par tous, de Laurent Paré dans le rôle du gêné noceur Jean-Marie, la pièce risque de faire l’objet de discussions et de souvenirs pendant encore longtemps.
Ce qui est remarquable dans l’écriture d’André Mercier, auteur de la comédie, est le fil conducteur de la désobéissance, source intarissable de l’identité des Trignois.
Que ce soit à l’endroit du clergé, qui estimait la jonction des trois chemins de fer malfamée et contraire à la morale, ou le refus de Saint-Frédéric de mieux entretenir les chemins, les commerçants et tenanciers de Tring ont dû s’organiser par eux-mêmes, envers et contre tous, pour venir à bout d’une vie plus décente. C’est surtout cette histoire que raconte la pièce. Celle de l’absence de jugements envers ceux «qui aiment la boisson» et la solidarité contre les «bœufs» venus gâcher les beaux «shows de bleus».
Énorme défi
«Je suis très contente d’eux. Ce n’était pas pareil en début de semaine, explique Nathalie Brunelle. Plusieurs avaient de la difficulté avec leurs textes.» Le public répondait de forts applaudissements et d’encouragements aux quelques oublis qui saupoudraient les deux heures de théâtre.
Les acteurs ont même ponctué les dialogues de quelques lapsus de langage rendant le tout encore plus drôle, par exemple, on a même débaptisé Tring-Jonction en «String-Jonction». Ce qui a bien fait rire la foule.
Les comédiens amateurs ont pratiqué tous les soirs de la dernière semaine pour cette première pièce de Nathalie Brunelle montée avec des bénévoles. «Le défi était de faire rire à travers l’histoire», termine-t-elle.
Deux autres représentations
Le samedi 14 (19h) et dimanche 15 avril (14h) seront les dernières occasions pour assister à ce petit pan de l’histoire locale.