Relance de l’usine d’Olymel: de plus en plus improbable

AGRICULTURE.  Les possibilités d’une certaine relance de l’usine d’Olymel à Vallée-Jonction semblent vouloir s’amenuiser. Plus le temps passe, plus la possibilité de revoir de l’abattage de porcs à cet endroit devient incertaine aux yeux de plusieurs observateurs.

Sur l’avenir du bâtiment, l’entreprise Olymel a déjà indiqué qu’elle était ouverte à vendre son bâtiment, sauf qu’elle maintient une certaine discrétion sur cette possibilité. Le porte-parole de l’entreprise, Richard Vigneault, indique qu’Olymel ne fera aucun commentaire sur les diverses propositions ou les échanges que l’entreprise peut recevoir ou avoir avec des tiers en regard de l’avenir de l’usine de Vallée-Jonction avant qu’un projet ait abouti, et ce, pour ne pas nuire au processus en cours. 

« Comme nous l’avons dit, nous sommes à l’écoute des propositions qu’on voudrait bien nous faire parvenir. En ce qui a trait au déménagement d’équipements, aucun équipement essentiel au fonctionnement des opérations prévues n’est déménagé jusque d’abord la fin du quart de soir (vers la mi-septembre à moins de changement de calendrier) puis jusqu’à la fin des opérations annoncée pour le 22 décembre », ajoute-t-il au sujet de rumeurs à cet effet.

Député fédéral de Beauce, Richard Lehoux a maintenant la conviction qu’il n’y aura pas de retour en arrière chez Olymel pour Vallée-Jonction. « Sur la possibilité que des acheteurs se présentent pour la relancer, généralement pas de réponse parle tout seul. Il est clair que l’entreprise va tout faire pour garder ses travailleurs le plus possible, elle en a besoin dans ses autres usines. »

Pour le président des Éleveurs de porcs de la Beauce, René Roy, il y a clairement un défi de convaincre Olymel et Sollio de céder le bâtiment à une éventuelle possible compétition, chose qui est loin d’être sûre à ses yeux. « Le premier défi que nous avons à soulever est celui de trouver des partenaires intéressés. Une fois que cela serait fait, on pourrait voir s’il y a un intérêt ou non. Comme il n’y a pas de projet ficelé, c’est facile de prétendre qu’il y a un intérêt de leur part. Le test serait au moment où il y aurait une offre sur la table. »

Président de l’UPA en Chaudière-Appalaches, James Allen est aussi de ceux qui croient qu’il n’y aura plus d’abattage à Vallée-Jonction, à moins d’un miracle. « La seule chose que je vois est que ce sont les créanciers d’Olymel qui mettront un jour de la pression pour que le bâtiment se vende, si une offre d’achat est présentée, un jour. Olymel continuera de perdre de l’argent après la fermeture de l’usine en décembre. Ce n’est pas quand une entreprise va mal que l’on prend les meilleures décisions pour son avenir. »

Les impacts déjà visibles

Daniel Vachon est producteur de porc à Saint-Frédéric et opère plusieurs fermes en Beauce. Il a effectué quelques contacts dans le but de mesurer la possibilité de relancer l’usine. Lui aussi est de moins en moins confiant d’une relance. « C’est très compliqué. J’ai appelé à quelques endroits et tout le monde l’avait fait avant moi. Ça prend des gens prêts à investir là-dedans et il n’y en a pas pour le moment. Je souhaite toujours qu’il arrive quelque chose. »

Sur un éventuel rachat de l’usine, le président du syndicat des travailleurs, Martin Maurice, a confié à ses membres au cours du week-end de ne pas compter sur une réouverture de l’usine. « Certaines personnes avaient des attentes sur ce sujet, mais c’est pratiquement impossible. Les conversations que j’ai me montrent que les gens ne doivent pas s’attendre à quelque chose de positif là-dessus. Moi-même, je n’ai aucune attente. »

Sur l’avenir de l’abattage de porc en Beauce, M. Lehoux ne se fait pas d’illusion. « Il y a quelques idées qui circulent, sauf que si on doit faire notre deuil du volet abattage dans la région, ce sera malheureux pour l’ensemble de nos communautés et de l’occupation du territoire. Il y a pourtant de la place. Est-ce que le ministère sera accommodant pour de petits abattoirs qui pourraient se partir ? Notre concentration de la transformation dans le porc devient problématique au moment où tu n’as qu’un acheteur. J’ai des collègues qui vivent la même chose avec le bœuf dans l’ouest. Quand une usine a des difficultés, il y a un impact immédiat. On l’a vu pendant la pandémie. »

Daniel Vachon produit de 1 000 à 1 200 porcs par semaine. La perte de l’abattoir à Vallée-Jonction le frappe de plein fouet. « J’ai bâti ma business parce que j’avais l’abattoir à Vallée-Jonction. J’ai des fermes de Saint-Victor à Saint-Bernard. Je paye des personnes pour garder mes animaux. J’ai peut-être une vingtaine de familles qui vivent de mon fonds de roulement. Ça touche beaucoup de monde. »