Pénurie de main d’oeuvre: les mesures tardent estime l’opposition
Face à la pénurie de main-d’œuvre qui affecte maintenant l’ensemble des secteurs de l’économie du Québec, la porte-parole de l’opposition officielle en matière d’emploi, Isabelle Melançon exige du gouvernement la mise en place rapide de mesures pour régulariser la situation.
Mme Melançon fait valoir qu’Emploi-Québec considère que sur l’horizon 2023, tous les secteurs d’activités seront en déséquilibre et que ceux-ci le demeureront jusqu’en 2030, si aucune solution n’est mise en place. « On a juste à sortir un peu de chez nous pour voir des messages » nous embauchons « un peu partout. Malheureusement, depuis leur arrivée au pouvoir, la situation s’est détériorée. À l’arrivée de la CAQ au pouvoir, il y avait environ 115 000 postes à combler, alors que c’est 240 000, aujourd’hui. »
La députée de Verdun rappelle que le budget déposé en mars 2022 n’offre aucune solution à court terme. Elle déplore que le gouvernement n’ait pas donné suite aux propositions offertes par les associations patronales et les syndicats pour réduire la pression de la pénurie de main-d’œuvre. Elle avait rencontré des gens d’affaires de Chaudière-Appalaches à ce sujet l’automne dernier.
« Comme le gouvernement a fait la sourde oreille en novembre, tout le monde s’attendait à quelque chose dans le budget et il n’y a rien. Que ce soit un crédit d’impôt pour le maintien des travailleurs expérimentés au travail, sur le surtemps et autres. Ce sont des propositions que nous avions faites. Le surtemps est censé être un petit bonus pour un employé, sauf que plusieurs sont obligés d’en faire et pour peu de gain net. Le gouvernement fait la sourde oreille et pense que le marché va se stabiliser lui-même. Ce n’est pas la vraie vie. »
Le dernier budget provincial ne contenait visiblement aucune mesure véritablement dédiée à cette problématique, constate-t-elle. « Employés à bout de souffle, perte de clients et baisse de chiffres d’affaires. Au bout de la ligne, le consommateur est aussi perdant avec des retards de livraison ou une hausse de prix. Tout ça crée de l’inflation. Plein de femmes ne peuvent revenir sur le marché du travail en raison du manque de places en garderie. C’est un cercle vicieux et il faut casser le cycle. On dirait que les ministres ne se parlent pas. »
La CAQ a aussi fermé la porte à l’immigration, estime Mme Melançon. « Ils ont dit, non, non, nous ne voulons que des travailleurs temporaires. Ça coûte une fortune faire venir des gens temporairement. Ça veut dire que les entreprises doivent débourser des sommes importantes pour les faire venir, les former et les perdre au bout de deux ou trois ans. »
Elle estime enfin que la pénurie de main-d’œuvre fait perdre 18 milliards de dollars aux entreprises par année. « Les partenaires du marché du travail estiment que ça va durer au moins jusqu’en 2030, si rien n’est fait. »