Parc industriel de Vallée-Jonction: autorisation partielle pour agrandir
La Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) vient de répondre positivement, en partie, à une demande de la municipalité de Vallée-Jonction, qui souhaite agrandir son parc industriel. Elle accorde l’exclusion de la zone agricole d’une superficie approximative de 3,35 hectares, mais refuse de faire droit à une superficie d’environ 1,80 hectare.
Toutefois, dans sa demande initiale, la municipalité souhaitait l’exclusion d’une superficie approximative de 5,15 hectares, afin d’agrandir son parc industriel et combler un besoin pour les 10 à 15 prochaines années.
La mairesse de la localité, Patricia Drouin, avoue qu’elle aurait aimé que la demande soit acceptée dans son intégralité. « Nous sommes un peu déçus de la réponse, car à la suite des inondations et aux nombreuses démolitions de bâtiment, nous avons beaucoup de monde à déplacer. Ce n’est pas suffisant, surtout que nous avions déjà beaucoup de demandes. »
Dans son argumentation, la municipalité indiquait notamment que la demande s’inscrivait dans un processus annuel de révision des périmètres d’urbanisation par la MRC Nouvelle-Beauce et dont l’analyse, réalisée en mars 2021, avait révélé un besoin en espace industriel pour ValléeJonction, qu’en 2014, la municipalité regroupait 24,5 % des emplois du secteur manufacturier de la MRC et que la localisation des entreprises à proximité des routes 112, 173 et de l’autoroute 73 facilitait leur accès. On y mentionnait également que, dans la zone d’intervention spéciale (ZIS) décrétée par le gouvernement du Québec à la suite de la crue printanière de la rivière Chaudière de 2019, 51 logements ont été démolis et que les démolitions ont également touché des entreprises industrielles.
Le refus partiel de la Commission vient donc empêcher la stabilité et mais aussi freiner le développement de la localité, observe Mme Drouin. « Nous avons en plus des entreprises qui veulent s’agrandir, surtout que le gaz naturel passera bientôt à cet endroit, alors vous voyez le problème que l’on a. On devra faire avec. Deux entreprises avaient déjà fait des demandes dans le passé pour utiliser ces terrains. À court terme, on ne pourra possiblement pas en faire davantage. Nous avons atteint une certaine limite déjà. »
Par exemple, les industries artisanales Taxidermie chez Éric et la menuiserie Alphonse Cliche n’ont pu se relocaliser dans le parc industriel en raison de l’absence d’espaces disponibles. Les Aciers Rémi Latulipe, qui œuvre dans le recyclage de métaux et dont ses activités de tri ont dû quitter la zone inondable, ne peut pas s’agrandir en raison du manque d’espace. Les entreprises Métal BGL et Les Aciers Rémi Latulipe ont montré leur intérêt pour l’acquisition de terrains advenant un agrandissement du parc industriel. Métal BGL souhaite augmenter sa capacité de production pour répondre à sa demande en croissance, tandis que Les Aciers Rémi Latulipe souhaite déménager la totalité de ses activités de tri de matériaux ferreux dans le parc industriel et du même coup augmenter sa capacité de tri.
Dans une lettre du 15 octobre 2021, la Fédération de l’UPA de ChaudièreAppalaches informait la Commission qu’elle s’opposait à la demande d’exclusion jugeant la demande prématurée, selon les données au dossier. La Commission avait préalablement refusé la demande, dans une orientation préliminaire émise le 20 décembre 2021, considérant que la superficie visée de 5,15 hectares offrait de bonnes perspectives à des fins d’agriculture. Elle indiquait également avoir accordé plusieurs agrandissements dans le passé, notamment en 2016, en 2000, en 1998 et en 1993.
La Commission considère, dans sa décision, qu’il s’agit d’un compromis qui permet de répondre aux objectifs de relocalisation de commerces et d’industries victimes des inondations de 2019 et d’assurer la croissance d’entreprises déjà installées dans le parc industriel, tout en préservant une base territoriale pour la pratique d’activités agricoles dans le milieu.