Olymel: les rencontres d’urgence se multiplient

AGRICULTURE. Une assemblée générale des employés d’Olymel de Vallée-Jonction a réuni près de 500 personnes au Centre Caztel de Sainte-Marie, le samedi 13 mai dernier. Si le moral des troupes semblait positif, plusieurs cherchaient des réponses à certaines questions concernant leur avenir au sein de l’entreprise, ou ailleurs.

Le président de syndicat des travailleurs de l’usine, Martin Maurice indique que l’assemblée devait justement servir à mettre sur pied le comité de reclassement des travailleurs. « Il y a eu beaucoup de questions et nous avons pris quelques-unes en délibéré pour aller chercher les réponses que nous n’avions pas. Nous avons 180 travailleurs de 60 ans et plus et 248 qui ont 50 ans et plus. Des gens ont passé leur vie ici à l’abattoir et n’ont jamais fait de C.V. de leur vie. Plusieurs se demandent ce qu’ils pourront faire après. Alors plusieurs questions ont été soulevées. »

Le député fédéral de Beauce, Richard Lehoux avait convoqué une réunion d’urgence sur le dossier Olymel du Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Celle-ci s’est tenue le 8 mai dernier et a réuni des représentants de l’entreprise Olymel, de Sollio Groupe Coopératif, mais aussi des représentants des Éleveurs de porcs du Québec, de l’Ontario et du Conseil canadien du porc.

Les travailleurs

M. Lehoux tenait à cette rencontre, car les impacts de la fermeture prochaine de l’usine sont trop importants. « On parle d’une baisse de production importante et comme 30 % de cette production se fait chez nous, l’impact est direct. Il fallait avoir des précisions sur certaines choses, notamment pour les travailleurs étrangers touchés. »

Sur les permis de travail des quelque 120 travailleurs touchés, M. Lehoux a obtenu qu’une mesure de la pandémie puisse être reconduite. « La mesure a été prolongée jusqu’à septembre 2023. Ce sont des permis fermés et nous avons beaucoup d’appels là-dessus. Je peux maintenant les rassurer que la mesure qui permet à un travailleur immigrant de changer d’employeur sera de mise, si le travailleur est retenu par un nouvel employeur. On nous dit que dans les 10 à 15 jours ouvrables, le travailleur recevra une réponse qui est généralement positive à 90 %. Il n’aura pas à attendre un permis refait et ce sera conforme. »

Martin Maurice reçoit bien le fait que plusieurs entreprises de la région se sont manifestées rapidement pour recruter les travailleurs de l’usine, certaines ayant même fait le pied de grue pendant les changements de quarts de travail les jours suivants l’annonce de la fermeture. « Je suis très content que des entreprises soient venues à la rencontre des travailleurs et j’espère qu’il y en aura d’autres. Notre objectif est que tous les travailleurs puissent y trouver leur compte. On souhaite reclasser 100 % de notre monde. »

Un peu plus d’une soixantaine d’employés ont quitté l’entreprise jusqu’à maintenant. Pour Martin Maurice, c’est moins que ce qu’il anticipait au départ. « C’est moins pire que ce que je pensais, je m’attendais à une centaine par semaine. Les gens attendaient surtout des réponses sur certaines choses, alors les départs vont peut-être s’accélérer à compter de maintenant. »

D’autres débouchés sur le porc ?

Président des Éleveurs de porcs de la Beauce et du Conseil canadien du porc, René Roy estime que l’exercice a valu la peine et a permis de mettre à jour la situation. « Il est facile de constater que les gouvernements ont manqué dans la question des travailleurs étrangers temporaires. Les gens à la table semblaient en mode solution et à la recherche d’alternatives. De notre côté, nous sommes à demander du soutien dans les capacités d’abattage existantes et peut-être futures. Il faut ultimement que l’offre et la demande soient équilibrées avant tout. »

Un aspect sur lequel M. Lehoux tenait aussi à avoir des réponses se situe au ministère de l’Agriculture et sur l’avenir de la filière, conscient qu’il y aura inévitablement d’autres fermetures. « Ma demande était simple. Est-ce que vous pouvez accompagner des entreprises de transformation qui seraient intéressées à démarrer quelque chose avec des producteurs pour développer de nouveaux marchés. Il n’y a pas qu’au Québec où il y a des problèmes. L’Ontario compose avec le fait qu’il manque 30 000 têtes par semaine au niveau de l’abattage. Ils essaient de trouver des marchés aux États-Unis, mais ça ne va pas vite. C’est majeur partout au Canada, car on exporte 70 % de la production. »

Le modèle

René Roy revient quant à lui sur le fait qu’Olymel détient un quasi-monopole dans l’industrie. « Comme il n’y a qu’un seul acheteur, ils nous ont fait le coup de dire que nous devions baisser notre prix, sinon ils arrêtaient d’acheter notre porc. Finalement, nous avons baissé notre prix et ils arrêtent quand même d’acheter nos porcs. Si nous ne renversons pas cette concentration du marché, nous allons demeurer esclaves d’une situation qui ne sera jamais résolue. Le seul acheteur pourra toujours imposer son modèle. »

Si la situation du porc n’est pas rose à l’heure actuelle, René Roy demeure convaincu que des jours meilleurs sont à venir. « On le sait, c’est cyclique l’industrie du porc. Nous sommes dans un creux. On voit qu’il y a une diminution d’inventaire significative en Europe et aux États-Unis. Il y aura une embellie un jour et lorsque le marché sera favorable, il faudra être prêt et s’être préparé à cela. C’est dans les creux de vague que l’on peut faire certaines remises en question. »

Plusieurs s’informent sur les modalités concernant le programme de retrait de la production qui doit être lancé par l’industrie. René Roy ne sait toujours pas quand le programme pourrait être lancé. « Il y a des délais, mais nous n’avons pas encore de date. »