Mobilisation en Beauce initiée par les Éleveurs de porcs

AGROALIMENTAIRE.  L’annonce de la fermeture de l’usine, vendredi dernier, a été accueillie comme une douche froide par le milieu politique, économique et les producteurs agricoles. Si la diminution des abattages souhaitée et nécessaire pour l’entreprise était connue et qu’une usine devait être sacrifiée, peu avaient assimilés que Vallée-Jonction pouvait être celle désignée à la toute fin.

« Ce genre de nouvelle, on ne s’y fait jamais. On souhaite qu’elle soit pure spéculation jusqu’à la dernière minute. Après avoir encaissé le coup, il faut toutefois se relever collectivement les manches et passer en mode solution », a insisté le président des Éleveurs de porcs de la Beauce, René Roy, dont le regroupement représente près de 300 entreprises dirigées par plus de 500 éleveurs et éleveuses. 

Il a tenu à appeler le milieu politique et économique de la Beauce, mais également de tout le Québec, à se mobiliser. « C’est trop tôt pour présenter des solutions, mais l’usine de Vallée-Jonction est l’abattoir qui dessert le plus grand bassin d’éleveurs indépendants au Québec, celui de la Chaudière-Appalaches. Elle permet de livrer des porcs avec des coûts et un temps de transport moindres, pour un plus grand bien-être à la fois des éleveurs et des animaux. Sans l’abattoir de Vallée-Jonction et le savoir-faire beauceron, l’industrie porcine du Québec ne serait pas le fleuron et la créatrice de richesse que l’on connaît aujourd’hui », a-t-il indiqué.

« Tous les leaders à l’échelle municipale, régionale, provinciale et fédérale sont les bienvenus à une table de discussion qui devra être rapidement mise en place. L’exercice devra mener à des scénarios probants et réalisables à court terme pour garder des activités de transformation de viande de porc en Beauce pour alimenter la grande distribution et le marché international », a-t-il résumé, craignant que la diminution de production anticipée se concentre en Chaudière-Appalaches.

La mairesse de Vallée-Jonction, Patricia Drouin, estime elle aussi que la mobilisation est importante. « Il faut préserver les emplois dans la région, autant du côté des éleveurs que des emplois indirects. Plusieurs entreprises locales verront leur chiffre d’affaires atteint si rien n’est fait ».

Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, est conscient du rôle que le gouvernement du Québec aura à jouer pour soutenir les producteurs, dans un premier temps. « La filière porcine a été impactée passablement ces dernières années, mais il faut protéger la diversité des modèles. Il y a les intégrés, mais chez nous ce sont des indépendants et cela reflète souvent nos entreprises familiales », a-t-il indiqué, critiquant au passage le partenariat d’affaires existant qui exerce une pression énorme sur les producteurs.

Des zones grises

La mobilisation régionale semble déjà bien enclenchée, puisque sur place, des représentants de la MRC Nouvelle-Beauce, de Beauce-Centre, et les organismes de développement économique des deux régions étaient sur place. Les solutions potentielles devront toutefois tarder, plusieurs éléments étant encore inconnus. 

« L’objectif est de regarder tout l’éventail de solutions potentielles. Est-ce qu’un autre opérateur pourrait se manifester ? Peut-être. On devra connaitre d’abord les perspectives d’avenir qu’a Sollio pour l’usine », a précisé René Roy, conscient que la prochaine convention de mise en marché, qui sera connue au cours des prochains jours, offrira davantage de précisions sur les possibilités. 

M. Roy a toutefois avoué que certains producteurs avaient déjà manifesté l’intérêt d’abandonner la production porcine et que des incitatifs en ce sens étaient déjà en place. « On savait déjà qu’il y aurait une réduction de la production, sauf que l’on doit regarder au-delà de ça. On a développé des choses qu’il faut garder et voir quel sera notre futur comme filière. Nous avons un programme de retrait pour les producteurs. L’objectif n’est toutefois pas de tout fermer, mais voir comment équilibrer la demande. »

Présent à la rencontre, le président du syndicat des travailleurs de l’usine, Martin Maurice, avait toujours du mal à comprendre la décision de l’entreprise, questionnant du même coup certaines des raisons évoquées pour justifier la fermeture. « L’usine de Vallée-Jonction était profitable pour Olymel, alors que d’autres ont des déficits importants chaque semaine. Il y a 25 travailleurs de plus que l’an dernier à pareille date. En termes de santé et sécurité, le nombre d’accidents de travail a diminué drastiquement au cours des deux dernières années. On parle de 50 travailleurs à l’heure actuelle, alors que c’était 400 chaque année dans le passé. »

M. Maurice confirme qu’un bon nombre de travailleurs n’ont pas daigné se présenter au travail lundi, faisant suite à l’annonce de vendredi. Des entreprises de la région se sont également présentées sur le site pour procéder à du recrutement, ce qui fait dire à René Roy que la suite devra être agressive. « L’échéancier doit être agressif. Dès les prochains jours, il y aura des rencontres sur le sujet. Sur certains aspects, il y a des contraintes avec lesquelles composer et des données manquantes, mais dès que certaines réponses seront connues, on pourra avancer. »