Mario Caron estime laisser une organisation bien en selle
MUNICIPAL. Mario Caron quittera bientôt ses fonctions de directeur général de la MRC Nouvelle-Beauce, après 17 ans à la barre de l’organisation.
C’est en 2005 qu’il arrive à Sainte-Marie, alors que la MRC Nouvelle-Beauce était déjà bien établie. C’est toutefois en 1982 qu’il débute véritablementdans le milieu municipal à la MRC de Rivière-du-Loup. Mario Caron se souvient d’ailleurs qu’à l’origine, les MRC avaient été créées dans le but de préparer la province à un Québec souverain.
« C’était ça le concept avec le ministre (Jacques) Léonard. C’était l’équivalent ou le comparable des départements français. Certains partis politiques ont remis en question leur existence, mais ça s’est transformé avec le temps et on voit qu’aujourd’hui, elles sont appelées à rester et à offrir davantage de services. »
La MRC Nouvelle-Beauce a changé depuis son arrivée avec l’imposition de nouvelles règles, de nouveaux contextes. « Les rôles de base sont restés à peu près les mêmes. C’est au niveau des dossiers régionaux que les changements sont les plus perceptibles. Il y avait à l’époque les Conférences régionales des élus. En disparaissant, ça a obligé les MRC à se prendre en main pour des dossiers régionaux, voire à l’ensemble de Chaudière-Appalaches. Les préoccupations ont changé et on travaille ça ensemble. »
Les lois changent régulièrement, tout comme les programmes d’aide et les exigences gouvernementales, notamment. « Les redditions de compte sont de plus en plus nombreuses et ça exige beaucoup d’énergie. »
Activités de planification régionale et autres services directement aux citoyens et aux municipalités demeurent toutefois le rôle principal d’une MRC. « On a du monde d’action dans la région, mais il manquait parfois de réflexion et c’est ça que l’on fait aujourd’hui. Ce que l’on veut faire de notre territoire, comment s’y prendre avec les matières résiduelles, comment se protéger des incendies, et même l’informatique aujourd’hui font partie de notre quotidien. »
Regroupement et concertation
Les MRC sont d’ailleurs devenues un lieu de regroupement de services pour les municipalités. « C’est le cas particulièrement pour le service d’inspection des bâtiments, l’environnement, la MRC y dessert 8 municipalités. Les exigences du zonage sont de plus en plus sévères, alors les municipalités ont besoin d’expertise et en se regroupant, elles ont accès à du personnel qualifié et des services à moindre coût. »
La MRC est aussi devenue l’organisme sur lequel vont régulièrement s’appuyer les élus pour être conseillée à l’occasion, ajoute M. Caron. « Nous sommes un lieu de coordination pour les loisirs dans certains cas, des choses comme la vidange des fosses septiques, le juridique, la comptabilité, le transport des personnes et bien d’autres services de proximité ».
Le tourisme et la santé sont aussi devenus des initiatives régionales, pilotées par la MRC. « La construction d’une piste cyclable entre Scott et Saint-Anselme et le dossier d’un centre médical régional, il y a 10 ans, sont de bons exemples », rappelle-t-il.
Les problèmes de rareté de main-d’œuvre et l’avènement du télétravail sont de nouvelles réalités avec lesquelles la MRC doit composer. « La pandémie a changé nos façons de faire, il faut davantage de coopération avec nos municipalités. On travaille davantage de dossiers sociaux avec les municipalités, comme l’immigration, en collaboration avec des organismes du territoire. »
L’avenir garant du passé
Lorsqu’on lui demande quel serait le meilleur coup de la MRC sous sa gouverne, il évoque la mise sur pied d’un centre médical en Nouvelle-Beauce. « Le centre médical a été une bonne chose. Le but premier était d’attirer des médecins et d’offrir un service à la population pour éviter que les gens aient de longs déplacements à faire. Quand nous avons parti ça, il y a 10 ans, il n’y avait pas eu de recrutement de médecins depuis un certain temps. On avait de la difficulté et la population a adhéré au projet dès le départ. Notre nouveau centre administratif est aussi une belle réalisation. »
Sa déception ou le dossier le plus difficile à piloter a certes été d’avoir à composer avec les conséquences reliées aux inondations de 2019, où la MRC a perdu son centre administratif. « Il y avait un pied et demi d’eau dans notre bâtiment. On a dû déménager le personnel à Saint-Isidore et les pompiers à Saint-Lambert. Les archives étaient à Sainte-Marguerite. C’était éclaté. On s’est ensuite dirigé vers le Vieux couvent à Vallée-Jonction, tout ça en plus de la pandémie. Ça a été des moments difficiles. »
Pour Mario Caron, un directeur général est généralement un travailleur de l’ombre. « Si vous prenez les maires les plus connus comme Bruno Marchand ou Valérie Plante, qui connait leur DG ? Personne. Notre travail est de projeter l’élu. Nous avons toujours eu de bons conseils de maires ici en Nouvelle-Beauce. Ils travaillent par consensus. C’est une richesse ça. Ce n’est pas partout que les maires s’entendent. Les trois MRC de la Beauce travaillent bien ensemble aussi, car on a quelques dossiers communs. »
Mario Caron n’a pas de boule de cristal, mais il s’attend à d’inévitables fusions du côté des municipalités. Pour lui, des regroupements sont incontournables ou à tout le moins, davantage d’ententes intermunicipales. « Les coûts d’exploitation des services sont en hausse constante. Le déneigement est un exemple et c’est un service de base. Il faudra que ce soit volontaire, par contre. »
Il est même possible, selon M. Caron, que ce soit les MRC qui en prennent davantage. « Nous sommes un bon endroit pour ça, gérer des ententes intermunicipales et recevoir de nouvelles activités. »
Entretemps, il estime laisser à sa successeure, Nancy Labbé, une équipe bien rodée, qui pourra s’adapter aux défis à venir. « Au cours des 17 dernières années, nous avons eu de nouvelles responsabilités, du nouveau personnel, on a vraiment une belle équipe ici. Jeune, compétente et dédiée à l’organisation. »