AFFAIRES. La pérennité, la productivité et la croissance des entreprises de la Beauce sont grandement affectées en raison de la lenteur du gouvernement fédéral à octroyer les permis nécessaires aux travailleurs étrangers. C’est du moins ce que prétendent une cinquantaine de dirigeants d’entreprises de la région ayant signé une lettre ouverte acheminée la semaine dernière.
Déjà sous le coup de la pénurie de main-d’œuvre, ces entrepreneurs estiment que cette situation répétitive met en péril des centaines d’entreprises de tous les secteurs, crée un stress insidieux, en plus de menacer la santé des employés et la croissance économique de la province. C’est pourquoi ils pressent le premier ministre Justin Trudeau d’exiger auprès des autorités d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) que le dossier des travailleurs étrangers s’accélère.
Le problème ne date pas d’hier et est amplifié par la pandémie et un taux de chômage en Chaudière-Appalaches de 3,8 %, selon des données de mai dernier. Dans certains cas, 75 % des travailleurs étrangers embauchés n’étaient toujours pas en poste. En 2020, seulement 33 % de ces travailleurs sont arrivés alors que des travailleurs manquants, quelques-uns seulement sont arrivés en 2021 après un an et demi d’attente.
Appuyant la démarche des gens d’affaires de la région, le député fédéral de Beauce, Richard Lehoux, avait parrainé une initiative semblable il y a quelques semaines dans le but d’obtenir des réponses sur le sujet. » On devait me revenir, sauf que rien n’a été fait depuis. J’interpelle le ministre de l’Immigration depuis avant la pandémie et j’ai reçu bien peu de réponses depuis le temps. «
Pour ces raisons, la situation occasionne une importante perte de revenus chez plusieurs, sans compter la pression des clients qui attendent impatiemment leurs services. Des contrats continuent d’être refusés chaque semaine en Beauce et les pertes annuelles représentent plusieurs millions de dollars. Les entreprises déboursent des milliers de dollars pour embaucher ces travailleurs, sans compter les heures consacrées à la gestion administrative de chaque demande, explique Isabelle Blanchette, responsable des ressources humaines chez Structures RBR qui a des usines à Saints-Anges, Saint-Benoit et Lac-Etchemin.
» Ça prend 80 heures produire toute la documentation nécessaire et on doit le faire chaque année. Chaque compagnie doit produire sa propre demande. Comme j’ai trois compagnies dans mon organigramme, c’est trois fois 80 heures de travail que ça implique. Autrement dit, ça me prend l’équivalent d’un mois et demi de travail chaque année produire cette documentation. C’est tellement lourd. «
Des impacts partout
Si ces longues démarches ont un impact négatif sur les entreprises de partout au pays, Mme Blanchette observe aussi des impacts auprès des travailleurs étrangers. » On les mets dans des situations qu’on ne souhaite pas. Ces gens-là ont des familles ici ou ailleurs et comptent sur leur travail pour obtenir certains revenus. «
La possibilité que la Prestation canadienne d’urgence pourrait être prolongée fait sourciller le député Lehoux qui la voit davantage comme un frein au développement. » Il y a trop de gens aptes à aller travailler qui préfère demeurer sur les programmes d’aide, puisque trop facile à obtenir. Il était important de soutenir nos populations en début de pandémie, sauf que des ajustements auraient dû être apportés plus rapidement en cours de route. Ça n’aurait aucun sens de prolonger. «
Il ajoute que des solutions simples existent. » Ça prend une volonté pour régler un problème. Alléger le processus qui est embourbé dans la paperasse et reconnaitre l’enjeu du développement des régions rurales en sont quelques-unes « , indique le député Lehoux qui dit espérer une meilleure écoute sur le sujet à Ottawa.
Alors que le gouvernement fédéral investit massivement dans les villes sur le transport en commun, un support du fédéral serait le bienvenu pour transporter le transport collectif en région, ce qui servirait aux travailleurs étrangers ou travailleurs qui s’y relocaliseraient.
Liste des signataires de la lettre
David Poulin Kalia inc.
Yvan Bolduc Béton Bolduc
Jacques Bourdon Unibeauce inc.
Marie-Pier Blais Beauce Atlas
Jacques Labbé Acier Trimax
Jacques Labbé Quirion Métal
Annick Tremblay Ouellet Canada
Sophie Cadorette Matériaux Blanchet
Michel Gagnon Permafil inc.
Émile Hudon RCM architectural
Dany Gilbert Ébénisterie AD+
Philippe Côté Boismax inc.
Sylvie Labonté Groupe Isolofoam
Marie-Pier Pedneault Maibec inc.
Lionel Bisson Groupe Aptas
Élie Roy Roy de cœur traiteur
Marc-Antoine Rodrigue Les Pères Natures
Charles Lessard C Hôtels
Enza Buffolino Giovannina Pizzeria
Caroline Fournier Lebour Construction
Patrick Lebel Lebour Construction
Chantal Gravel Présidente CCINB
Nelson Grenier Domaine du Diesel
Nick Fortin Fromagerie la Pépite d’or
France Lemay Scierie Lemay
Yannick Parent Offset Beauce
Marie-Claude Duquette Les équipements Magister
Édith Vignola Effecto inc.
Gilbert Brochu Les Galeries de la Chaudière
Mélissa Jacques Groupe Pro-Fab
Line Breton DuBreton
Claudia Paradis Amisco
Claudia Paradis Groupe Gibo
Maréva Bédard Les Pères Natures
Annie Bilodeau Émile Bilodeau et fils
Viviana Cardenas Option VIP
Paul Poulin Frampton Brasse
Paul Poulin Resto Pub Dix93
Louis Veilleux Métal Bernard
Louis Veilleux Alpha Laser
Louis Veilleux Normandin inc.
Louis Veilleux JLM, usinage de précision
Louis Veilleux Beauce Caoutchouc
Louis Veilleux UCB
Sébastien Morin Couvoir Scott
Vincent Rochette Vincent Rochette Construction
Marc Sylvain Sothermic
Félix-Olivier Brochu L’haies PRO
Marquis Pouliot Montage Pouliot
Yves Nolet Piscines Ste-Marie