Les démolitions à Sainte-Marie | Une opération cardiaque faite à la hache

PATRIMOINE. > Pierre-Paul Sénéchal et Gaston Cadrin, du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM), demande au conseil de la Ville de Sainte-Marie de décréter un moratoire pour sauver ce qui reste de patrimoine bâti dans le centre-ville.

«Nous avons été stupéfaits de constater que la Ville a laissé le gouvernement appliquer le moratoire mur à mur sans se poser la moindre question sur les possibilités de sauver certains immeubles qui représentent le cœur de Sainte-Marie et de ses citoyens», a déclaré M. Cadrin lors d’une conférence de presse tenue à la Salle Mgr-Labrie le 24 octobre. «Est-ce qu’on a réfléchi avant de tout démolir? Apparemment non.»

«C’est une véritable opération à cœur ouvert avec une hache plutôt qu’au scalpel, a renchéri son collègue. Et c’est le gouvernement qui a fourni les haches».

Si Sainte-Marie est la plus touchée par le décret, les membres du Giram ont ajouté que des cas similaires se produisent à Scott, Vallée-Jonction (la maison Chabot) et à Saint-Joseph. «Comprenez bien que nous compatissons avec les propriétaires de ces immeubles», a indiqué M. Sénéchal. Le GIRAM souhaiterait qu’on trouve une solution qui puisse à la fois les aider et sauvegarder les maisons patrimoniales. «C’est véritablement une destruction massive du patrimoine historique».

L’an dernier, à peu près à la même date, le GIRAM était intervenu pour sauver le Château Beauce en obtenant un avis de classement de la part du ministère de la Culture.

M. Cadrin et Sénéchal considèrent que les élus ne pensent pas à long terme. «La MRC a construit son siège social en pleine zone inondable. Aujourd’hui il est placardé et complètement vide. Et pourquoi personne n’a jamais pensé de faire comme ailleurs, créer une digue de protection contre les crues de la Chaudière», se demande M.Cadrin.

Recommandations

Bien que le GIRAM soit conscient qu’il est un peu tard pour sauver des maisons du patrimoine bâti de Sainte-Marie, il risque quand même trois propositions.

Premièrement, décréter un moratoire d’une année contre toute démolition de bâtis répertoriés, afin de laisser à tous le temps de réfléchir à la situation.

Deuxièmement, mettre sur pied un comité d’experts au sein de l’administration gouvernementale. «C’est un non-sens que le ministère de la Sécurité publique ait été le seul impliqué dans le décret, ceux de la Culture et des Affaires municipales auraient dû être interpellés», indique M. Sénéchal.

Finalement, créer de petits îlots historiques comme lieux de mémoire municipaux. À Sainte-Marie, par exemple, le secteur du manoir Taschereau, incluant la chapelle Sainte-Anne, la maison Lacroix et quelques résidences anciennes; le secteur du cœur institutionnel, incluant l’église, le presbytère l’ancienne caserne de pompier et le Château Beauce; le secteur Notre-Dame Sud.

«En France, où l’on sait l’importance du patrimoine, en particulier pour le tourisme, on aurait jamais assisté à une telle destruction massive et aveugle du patrimoine. Malheureusement, il semble qu’au Québec, on laisse tout démolir par fatalité», a conclu M. Cadrin.