Les chambres de commerce s’interrogent sur les objectifs du gouvernement
RÉGIONAL. L’Alliance des Chambres de commerce de Chaudière-Appalaches (ACCCA) interpelle le gouvernement du Québec relativement à l’absence apparente de plans pour le déploiement de solutions de transport collectif en milieu rural.
L’Alliance souhaite ainsi réagir à la sortie du ministre Pierre Fitzgibon qui a récemment évoqué un objectif ambitieux de réduction de 50 % du nombre de véhicules au Québec d’ici 2050. L’organisme s’est d’ailleurs récemment adressé à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, exprimant ses préoccupations quant aux orientations en matière de transports annoncées par le gouvernement du Québec. Ces récentes sorties ont suscité des interrogations quant à la faisabilité de cet objectif, particulièrement dans les régions moins densément peuplées comme la Chaudière-Appalaches.
Directeur de la Chambre de commerce Bellechasse-Etchemins, Frédéric Lajoie estime que les positions prises dans les derniers mois, incluant l’abandon du troisième lien entre Québec et Lévis ou le passage au tout électrique pour les véhicules des particuliers, désavantagent les milieux ruraux. « La diminution de l’accessibilité des régions devient évidente. Obligatoirement, en région, nous avons des distances à faire, le transport en commun n’est pas toujours possible, alors les décisions prises par les gouvernements deviennent inquiétantes. Économiquement, l’accessibilité de la main-d’œuvre ou le développement régional se retrouvent touchés, parce que l’on vient diminuer l’accessibilité aux territoires autre qu’urbain. »
Coprésident de l’ACCCA et impliqué au sein de la communauté d’affaires dans Beauce-Nord, Stephan Vachon juge lui aussi que les orientations du gouvernement, en matière de transport, sont difficiles à déchiffrer. « On voit où le gouvernement veut s’en aller et ça semble la bonne chose, sauf qu’on se demande comment ils vont s’y prendre pour réduire le nombre de voitures. Il ne semble pas y avoir de plan pour accompagner cette réflexion. On semble vouloir revenir comme dans les années 70′, soit à une voiture par foyer. »
Lui aussi semble distinguer des décisions qui ne sont qu’à l’avantage des milieux urbains. « Transport en commun, transport actif, on équipe les villes. REM à Montréal, extension du métro, on ajoute des autobus, des pistes cyclables sur tous les boulevards, tramway à Québec et transport de masse. Le 3e lien a été écarté, mais reliait les deux centres-villes. Chaudière-Appalaches, nous sommes 330 000 personnes et on vit entre le fleuve et la frontière. »
Il se questionne également sur la capacité du réseau électrique à répondre à volonté d’électrifier davantage le parc automobile et la capacité des citoyens à accéder à des véhicules électriques, souvent plus dispendieux. « Hydro-Québec semble même déjà hésitante à supporter la création de certaines entreprises. On se demande comment ils vont faire pour brancher trois millions de voitures quotidiennement sur le réseau. D’autres provinces aimeraient aussi faire de même, mais il faudrait tripler la capacité électrique du Canada pour respecter ces idées-là. »
Questionné sur le sujet, Frédéric Lajoie réitère que la position de l’Alliance sur un troisième lien à l’est, soit un lien autoroutier à l’est qui permet le transport lourd. « Est-ce un tunnel ? Un pont ou un système de téléportation à la Star Trek ? On s’en fout un peu. Ce que ça prend, c’est un lien que les véhicules lourds pourront emprunter pour une meilleure fluidité de la main-d’œuvre et de la marchandise. C’était tellement important pour nous, mais aussi pour le Saguenay ou l’Est-du-Québec et que le trafic lourd évite la ville de Québec, ce qui cause bien des irritants. »
Pour lui, la notion de développement régional n’est pas la même pour les milieux urbains et les localités rurales. « Pour les villes, c’est de l’étalement urbain et pour nous, c’est du développement régional. La vitalité d’une région passe par sa vitalité, l’accessibilité et une appropriation de ce territoire. »
Pour toutes ces raisons, l’ACCCA considère qu’il est primordial d’engager un dialogue constructif avec le gouvernement pour garantir que les politiques de transport répondent aux besoins et aux réalités de l’ensemble de la province.