Les agriculteurs se sentent trahis

«On s’était donné un modèle d’agriculture efficace, mais là, il faut s’américaniser avec des normes « cheaps » et cela, ça m’écoeure.»

Tel est le message que livrait le président de l’UPA de la Chaudière-Appalaches, Paul Doyon, à l’issue du débat politique tenu mardi dernier 6 octobre au Journel de Saint-Joseph. En présence des quatre candidats aux élections fédérales, les quelque 100 agriculteurs présents ont exprimé leurs craintes, leur sentiment de trahison et leur scepticisme face à l’avenir de leur profession.

Bien sûr, la signature du Partenariat transpacifique (PTP) a suscité bien des commentaires et des questions. Une agricultrice soutenait que ce programme équivaut à changer quatre trente sous pour un 1 $. « Avec les 4,3 MM$ de compensations, on ne gagnera rien. On ne pourra pas investir dans nos fermes ni avancer. Sans revenus supplémentaires, il n’y a pas d’avenues.»

Un autre ajoutait : «Ce vous nous offrez, c’est un chèque de bien-être agricole.» Et à qui profitera cette entente de libre-échange?, s’interrogeait un autre producteur agricole. «Cela ne fait qu’enrichir les multinationales et appauvrir le reste du monde. »

Les frontières

Renforcer le contrôle aux frontières? Pour le candidat et député sortant, Maxime Bernier, oui, il y aura une série de mesures anti-contournements et éviter que du «mozzarella soit identifié à des kits à pizzas ».

 «Les problèmes aux frontières, ce n’est pas nouveau et ça prendra des gens avec des dents », avance Daniel Royer du NPD. «On ne pourra jamais contrôler tout ce qui se fait ailleurs », soutient Stéphane Trudel du Bloc québécois. Quant à Adam Veilleux du Parti libéral, il regrette que le gouvernement ait tout fait dans l’obscurité.

Relève et travailleurs étrangers

La relève agricole est inquiète. Accorder des congés en taxes et en impôts figure dans les propositions du Bloc québécois et pour les candidats du Parti libéral et du NPD, il y a lieu de favoriser les jeunes agriculteurs. Plus prudent, Maxime Bernier dit qu’on continuera à travailler dans les programmes existants, «mais je ne prendrai pas d’engagement précis aujourd’hui.»

Le problème de main d’œuvre étrangère est soumis à un processus lourd avec trop de paperasse, une réduction de la durée du programme. Ce sont des conditions qui créent des ratés pour les entreprises qui s’y investissent, font valoir les trois adversaires du député sortant. »Je reconnais qu’il y a des éléments à corriger », dit Maxime Bernier.

La forêt

Le débat a aussi permis d’aborder les activités sylvicoles. »Si on permettait d’exploiter mieux la forêt privée, on doublerait les revenus et le nombre d’employés », soutient un producteur. Oui, il faut plus de souplesse, estime Stéphane Trudel. Oui, il faut maximiser l’exploitation de la forêt privée, ajoutent Adam Veilleux et Daniel Royer. «Il n’y a pas d’annonce à faire ce soir. Il faudra renégocier l’entente sur le bois d’oeuvre avec les États-Unis, » ajoute Maxime Bernier.