Le GMF Nouvelle-Beauce s’ajuste
SANTÉ. Le GMF Nouvelle-Beauce adapte ses façons de faire, anticipant le départ de certains de ses médecins au cours des prochains mois, jumelé à l’arrivée de nouveaux visages au sein de l’équipe.
Pour le médecin responsable du groupe de médecine familiale, le Dr Yvan Mathieu, les prochains mois amèneront une transition pour le GMF et la clientèle de ses quatre établissements affiliés, soit ceux de Saint-Isidore, Saint-Bernard, Frampton et Vallée-Jonction.
Alors que sept nouveaux médecins ont récemment été annoncés pour l’ensemble du territoire de la Beauce, trois nouveaux médecins ont débuté le 6 septembre dernier. Cependant, le GMF devra éventuellement composer avec des départs et l’absence de quelques médecins.
« Deux (médecins) nous avait été accordé en 2022 et un autre en 2021, via un retour de régions. On perdra toutefois trois médecins prochainement qui partiront à la retraite., soit Dr Daniel Roux et Dr Yvan Lavoie, rattachés au Centre médical de la Nouvelle-Beauce à Sainte-Marie, et Dre Pierrette Dextraze qui œuvre à la Coopérative de santé de Saint-Bernard quitteront dans les premiers mois de 2023. »
Trois autres départs pourraient aussi survenir dans les prochains mois, ajoute Dr Mathieu, ce qui viendrait fragiliser l’offre de service du GMF. « Nous avons aussi à composer avec deux congés de maternité et un médecin qui est en congé prolongé, alors les gens doivent s’attendre à une réduction de l’accessibilité un certain temps. Notre GMF compte 21 médecins, sauf qu’une fois ces départs effectifs, nous devrons répondre à la demande avec 13 médecins pendant une certaine période, le temps que certains reviennent de leur congé, notamment. »
Dr Mathieu évalue à 22 ou 23 000, le nombre de patients pris en charge et à plus de 8 000 ceux qui sont sur une liste d’attente, selon le guichet d’accès. « Si on compte Saint-Lambert, c’est environ 38 000 personnes à desservir. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de médecins, mais on leur a suggéré de s’inscrire, le départ de leur médecin étant imminent. Le médecin est encore actif, mais ces gens-là deviendront bientôt orphelins. »
Par ailleurs, une dizaine de médecins du GMF Nouvelle-Beauce se sont manifestés positivement pour une prise en charge collective de 1 200 patients orphelins. « Ces gens-là sont encore sur le guichet, mais seront vus, d’où l’importance pour les gens de s’y inscrire. C’est normal que le nombre d’orphelins augmente, étant donné les nombreux départs, mais tous les mois, on réussit à voir plus de 700 patients orphelins à notre GMF, en plus des gens déjà pris en charge. C’est un accès populationnel intéressant pour notre région, malgré les inquiétudes que les gens peuvent avoir. »
Dr Mathieu ajoute toutefois que les collaborations interprofessionnelles se poursuivent sans difficulté apparente. « On s’attend à une certaine pression sur notre sans rendez-vous. Notre GMF est au cœur d’un virage. Nous avons eu un groupe de médecins plus âgés qui a travaillé avec peu de nouveaux membres un certain temps. Récemment, de jeunes médecins se sont joints à nous et ce sont les jeunes qui prendront le GMF en charge. »
Dr Mathieu prône ainsi la patience pour permettre à ces jeunes médecins de bien prendre en charge la clientèle. « Un jeune médecin a nécessairement moins d’expérience, c’est normal. Aussi, au début, ce sont tous des nouveaux patients et il y a plus de temps à attribuer à la prise en charge. Ces médecins sont aussi soumis à des activités médicales prioritaires, soit dans un hôpital, en obstétrique, d’autres de l’urgence ou du CHSLD. Ils travaillent fort, mais ne sont pas à temps plein au GMF tout le temps. »
Transformation du système
Le système de santé vit une transformation évidente qui demandera un certain temps également. « Les nouveaux médecins font beaucoup d’interprofessionnels aussi. Ça fait partie de leur formation. Nous avons encore nos infirmières spécialisées, nos infirmières cliniciennes à qui nous avons délégué des tâches. Le fonctionnement va très bien, malgré cela. »
Il y aura d’autres médecins qui se joindront au GMF dans le futur, indique Dr Mathieu, ajoutant que la vague de départs des médecins commence aussi à diminuer. « Il y aura moins de retraites dans les prochaines années. On s’attend à deux ou trois médecins de plus l’an prochain. Nous allons faire nos démarches auprès du CISSS et les nombreux départs que l’on a connus devraient être pris en considération. »
Amélioration au secrétariat, réintégration des rendez-vous sur le web et autres font partie des améliorations apportées au fonctionnement du GMF Nouvelle-Beauce, ajoute Dr Mathieu. « On demande aux gens d’être patients envers notre personnel. Il y a vraiment des efforts qui sont faits pour augmenter l’offre et l’efficacité de nos services. Le guichet d’accès pourrait éventuellement recommander des gens à d’autres professionnels de la santé. Au Bas-St-Laurent, ils ont expérimenté la chose et 40 % pouvaient voir d’autres professionnels. C’est une autre façon de voir la première ligne. »
Selon le Dr Mathieu, il est évident que tous ne pourront pas avoir accès à un médecin de famille, et ce, pour plusieurs raisons. Le travail en groupe des médecins est possiblement la voie d’avenir. « De la façon que l’on fonctionne, il est impensable de viser le 100 %. Des gens ne veulent pas s’inscrire. Certains n’en ont pas de besoin. L’entente de la prise en charge collective que l’on a est temporaire. La prise en charge individuelle a ses contraintes, car lorsqu’un médecin quitte, c’est le groupe qui devient orphelin. L’avenir est peut-être là, avec un groupe de médecins qui seront appuyés d’autres professionnels de la santé. »
Des statistiques
Globalement au cours d’un mois, le GMF Nouvelle-Beauce réalise un bon nombre de rencontres-patients. À titre indicatif, au cours du mois d’août dernier, c’est 4 475 visites au total, dont 725 au sans rendez-vous, 3 437 visites avec un médecin, les infirmières praticiennes spécialisées ont rencontré 468 visites et 470 ont été rencontrés par d’autres professionnels de la santé. Le nombre de patients non inscrits rencontrés en août se monte à 877. « Nous avons rencontré 3 213 patients de notre territoire, mais aussi de l’extérieur. Certains déménagent, proviennent de municipalités situées tout près, d’autres demeurent à l’extérieur, mais travaillent dans la région, alors l’accès demeure intéressant », estime le Dr Mathieu.
« Les cas deviennent de plus en plus complexes avec beaucoup de médicaments, plusieurs pathologies, alors ça prend des médecins de famille pour voir à tout ça. La population vieillit et c’est facile de voir sa nécessité, puisqu’il est un spécialiste de la globalité, et la nécessité de voir dans l’avenir une collaboration des médecins de famille avec les autres professionnels qui ont davantage de pouvoir. Les pharmaciens sont un bon exemple. C’est une question d’évolution, grâce au dossier électronique, notamment », visualise enfin le Dr Mathieu.