Le Fatbike en Beauce
SPORTS. La faible adoption du fatbike comme sport d’hiver est le principal frein au développement des sentiers.
À Saint-Marie, le nombre d’adeptes de vélos à pneus surdimensionnés (VPS) se compte sur les doigts d’une main. Ils sont peut-être de cinq à dix personnes à posséder l’un de ces vélocipèdes. Avant de casser sa tirelire et sortir plus de 2000$ pour l’achat d’un VPS, le mordu de vélos et résident de Sainte-Marie, Marcel Chrétien, a pensé s’en fabriquer un par lui-même. «Les roues d’un fatbike avec les crampons coûtent presque autant que les pneus d’hiver d’une voiture», explique-t-il.
Une dynamique à créer
Ce n’est pas qu’une question de prix. L’un des principaux obstacles à son adoption est la création d’un roulement similaire à ce qu’on retrouve en ski alpin, c’est-à-dire, des conditions facilitantes pour les familles. «Quand tu as des enfants, il y a des cours qui sont possibles. S’ils ont froid, ils peuvent attendre dans le chalet. L’équipement devenu trop petit est prêté au plus jeune. Ils vont finir par aimer à force de descentes», explique Marcel Chrétien.
Ce qui n’est autrement pas le cas pour le fatbike.«Ce n’est pas un sport évident pour les enfants. C’est très exigeant», ajoute Martin Larriviere, président du Club cycliste Sainte-Marie.
Où le pratiquer?
L’unique sentier officiel de Sainte-Marie est celui situé entre la rivière Chassé et la Polyvalente Benoît-Vachon; où l’été, les vélos de montagne dévalent les pentes.
De manière informelle, avec l’accord tacite des propriétaires, une poignée d’amateurs de fatbike et de raquetteurs entretiennent une bande de 4 km, sur le côté nord du ruisseau Carter, un cours d’eau situé en parallèle de l’autoroute Robert-Cliche. Marcel Chrétien s’y rend régulièrement. Il enfile ses raquettes lorsque la neige des sentiers a besoin d’être tapé. Il se met en selle, quand elle est assez dure pour bien porter le vélo. En tout et partout, avec les bifurcations, il y a peut-être entre 10 et 12 km aménagés au ruisseau Carter, sur des terres privées.
Le président du Martin Larivière tient à remercier les propriétaires de les laisser circuler. Le respect est de mise.
Lieux de prédilection
Le circuit E47 du Lac-Delage, à Québec, est considéré comme l’un des plus bels endroits dans l’est de l’Amérique du Nord pour le VPS. Quand on prend en considération des endroits comme Vallée Bras-du-Nord, les Sentiers du Moulin de Lac-Beauport, du Parc national de la Jacques-Cartier, on peut penser les lieux de pratique du vélo sur neige se sont multipliés ces dernières années.
À pas de tortue
Il n’en demeure pas moins que le développement en Chaudière-Appalaches en est encore à ses débuts, mais cela pourrait changer. En janvier, le Massif-du-Sud a damné le bord d’un sentier de ski de fond pour tester le marché. Issie de Chackowicz, propriétaire de la boutique Services Vélos Issie de Frampton, souhaite dès l’an prochain créer une piste qui irait du village jusqu’à Frampton Brasse. Et certains amateurs de fatbike tentent de se regrouper pour aménager des sentiers sur le territoire de l’ancienne station de ski La Crapaudière de Saint-Malachie.
On pourrait aussi parler du Domaine du Radar qui avait l’intention de développer le fatbike en 2018, comme nouvel attrait, mais par manque de personnel, ils ont repoussé l’idée l’an prochain.
«À Lévis, les boutiques de vélos se sont regroupées et ont mis de l’argent pour une dameuse. S’il y avait plus de gens qui en font à Sainte-Marie, on pourrait envisager d’investir dans de l’équipement», explique Martin Lariviere. On compte à Lévis les Sentiers de La Balade, le Parc Valéro Les Écarts et le Parcours des Anses. Dans la région de L’Islet-Montmagny, il y a le Parc des Appalaches et les sentiers urbains de Montmagny.
La location d’abord
Lorsqu’une personne souhaite s’initier au VPS, Marcel Chrétien recommande à tous de louer, plutôt que d’acheter un fatbike. Ce n’est pas un sport fait pour tout le monde. Il faut détenir un bon équilibre, avoir une certaine force physique et l’œil aiguisé pour bien jauger les pentes.
La température idéale pour le pratiquer se situe entre -5 et -7 degrés Celsius, avec une surface neigeuse bien tassée. «Tu fais du fatbike quand tu peux, pas quand tu veux. Les conditions ne sont pas toujours au rendez-vous, mais on réussit tout de même à avoir une saison de huit semaines», dit-il.
La boutique Vélo Savard de Sainte-Marie possède deux fatbikes en location. «Je ne fais pas d’argent avec ça. C’est plus pour permettre aux gens de l’essayer, décrit le propriétaire Martial Savard. Je pense qu’à Sainte-Marie les nouveaux sports ne sont pas beaucoup mis de l’avant. Peut-être que si on avait des sentiers proches, il y aurait plus de gens (qui en feraient).»
Une culture s’est rejointe
Le fatbike est né dans des extrêmes de température. Les Alaskains cherchaient un vélo, adapté à leurs conditions climatique tandis que, plus au sud, un vélo est développé pour se conduire sur la plage. «Les deux mondes ont fini par se rejoindre et c’est un peu comme ça que le fatbike est devenu ce qu’il est aujourd’hui», explique Marcel Chrétien.