La vie après La Voix

MUSIQUE.  Beauce Média a rencontré Thomas Argouin de Vallée-Jonction, ancien concurrent de La Voix en 2016, afin d’en savoir plus sur ce qu’il es devenu.

Assis dans la neige, près d’une maison, surplombant la blanche plaine inondable, deux touffus chiens s’approchent du visiteur à coups de jappement dans l’air. Le musicien sort la tête du portique et dit d’un ton rassurant: «Il ne faut pas s’inquiéter; ils ne sont pas méchants», assure Thomas Argouin, les yeux plissés par le soleil, un sourire aux lèvres.

Vêtu d’un pantalon jogging et d’un chandail, il s’assied à la table de la cuisine et affiche un air décontracté.

«Ç’a été dur ces deux dernières années. J’ai tout arrêté après La Voix. L’album, la tournée, la musique. Je suis devenu très malade», commence-t-il. Au moment de l’entrevue, le 28 février, Thomas Argouin attend des nouvelles de son médecin. Il y a des chances qu’il reçoive le diagnostic de la sclérose en plaques.

Le retour aux sources

À moins que vous ne le suiviez assidûment sur les réseaux sociaux, il est probable que vous n’ayez pas entendu parler des projets de Thomas Argouin.

Il a récemment déménagé. «Je ne retournerai plus jamais à Montréal», confesse-t-il. Il vit désormais chez des amis à Saint-Joseph-de-Beauce, plus près de sa famille.

Le musicien souffre de fibromyalgie, une maladie qui rend certaines parties de son corps très douloureuses, due à une hypersensibilité des récepteurs nerveux. Thomas a diminué sa médication, passant de 37 à 7 pilules; ce qui lui permet de se consacrer davantage à la musique.

«Avant ça, je pouvais jouer du piano pendant plusieurs heures; maintenant après 30 minutes, je ne suis plus capable», explique-t-il.

Le jeune homme de 23 ans est tout de même parvenu à sortir, coup sur coup, deux albums en moins de deux semaines. Un premier intitulé «Soldat de fer», le 30 novembre 2017 et un deuxième «Comme il manque la neige», le 13 décembre. Les deux titres regroupent 30 compositions, dont certaines qu’il a produites, il y a de cela quelques années.

Il n’a pas organisé de lancement officiel. «J’attends de me sentir mieux», avoue-t-il.

Le puits d’énergie des réseaux sociaux

Jusqu’à maintenant, il n’a vendu que 200 albums sur la plateforme de téléchargements iTunes. Ce petit nombre ne l’effraie pas. La petite communauté qui le suit sur internet lui donne beaucoup d’énergie et le motive à continuer. Même s’il a récemment rencontré des écueils avec le changement des algorithmes de Facebook et qu’il n’est plus payé par YouTube pour ses contributions, il alimente allégrement sa page avec des publications et des Facebook Live.

«Il y a plein de monde qui me regarde. Beaucoup de gens de la Belgique, de la France et même de la Chine. Je suis resté surpris. L’une de mes vidéos a atteint 250 000 vues. C’est pas mal ça qui m’a tenu en vie», avoue Thomas Argouin.

La Voix s’éteint vite

Bien qu’il ait apprécié son expérience et la visibilité que l’émission apporte, l’auteur-compositeur reste sur sa faim. «Je m’attendais à avoir plus de support, plus d’aide et de collaboration, dit-il. Quand c’est fini. C’est fini. Le public est aussi un peu infidèle.»

Il ne se dit pas jaloux de ces concurrents qui ont réussi. Il espère surtout, dès qu’il ira mieux, faire une tournée des salles de spectacle au Québec.

Être généreux attire des critiques

La prochaine apparition sur scène de Thomas Argouin aura lieu le 19 mai, aux côtés d’autres artistes, à Saint-Côme-Linière. Il interprétera une chanson pour l’événement destiné à récolter des fonds pour Opération Enfant Soleil.

Il a hésité quelque peu avant de s’engager pour cet événement. Des commentaires d’internaute l’ont fustigé récemment. «J’ai reçu des commentaires bizarres. Il y a même une dame qui a écrit que j’exploitais les personnes atteintes de fibromyalgie», atteste Thomas. C’est pourquoi il a cessé d’être porte-parole pour la maladie, il y a quelques semaines.

Son retour en Beauce lui a permis une plus grande paix pour composer un exemple est sa chanson, «Y’a donbin de la terre icitte». La proximité de ses proches l’inspire tout autant. Sa chanson «Maman» témoigne de cette réalité. Il réapprend à apprivoiser le va-et-vient de sa maladie et les doux plaisirs de poursuivre sa passion.

 

La musique est toujours une partie intégrale de la vie de Thomas Argouin.
Thomas Argouin a créé un Facebook live lorsque nous l’avons interviewé.