La prise d’assaut du Domaine du Radar

MILITAIRE. Trois bataillons du Royal 22e régiment de Valcartier ont conduit une série d’exercices dans plusieurs municipalités de la région.

Après 2012 et 2014, les militaires en sont à leur troisième opération dans la Beauce. «C’est devenu un peu une tradition pour nous, explique le plus haut gradé de la pratique militaire, le Lieutenant-colonel Frédéric Pruneau. Les gens sont accueillants et le terrain offre des attraits considérables pour nous.»

Ils sont arrivés le lundi 19 mars à Scott, de manière spectaculaire à bord d’un hélicoptère Chinook. L’appareil a effectué plusieurs allers-retours dans le ciel de la région pour transporter les militaires de Valcartier et ailleurs dans la région. «Les pilotes avaient des grosses journées. Ils ont peut-être fait une quinzaine de vols durant la semaine avant de retourner à leur base de l’Ontario», a dit le Capitaine Stéphane Hovington. Les résidents du coin ont pu apercevoir les fantassins à Saint-Patrice-de-Beaurivage, au Mont Cosmos de Saint-Elzéar, à Saint-Séverin et Saint-Sylvestre.

Point culminant

Une fois l’été et une fois l’hiver, les militaires conduisent une grosse opération comme celle-ci. Leur semaine d’entraînement sur la Rive-Sud de Québec s’est terminée le vendredi 23 mars au Domaine du Radar avec un assaut du bunker.

Deux forces étaient en présence. Un premier groupe devait protéger l’installation. Ils maintenaient une position défensive qui était constituée du secteur de la montagne. Tandis qu’un deuxième groupe de fantassins avait pour objectif de s’emparer du territoire de son adversaire.

Les attaquants ont été aéroportés à Saint-Séverin. Leurs officiers ont constitué une stratégie afin de prendre en tenaille la montagne. Un première escouade est apparue de la forêt directement sur le bunker. «Les gars se sont levés vers 1h du matin pour monter les deux kilomètres de dénivelés jusqu’au bunker», décrit le Capitaine Hovington.

Un peloton a également entrepris de capturer les chalets et bâtiments et ainsi progresser par le chemin d’accès.

Les attaquants ont dû faire face aux défenses consolidées la veille. Plusieurs dizaines de tranchées avaient été creusées autour du bunker et sur le flanc ouest de la montagne.

Stratégies et tactiques

Ne connaissant pas les mouvements de l’autre, les militaires ont eu des surprises. Au moment où le bunker devenait intenable, l’équipe défensive avait prévu de se retirer vers l’un ou l’autre des chemins de bois, aménagés la veille. Cependant, ils ne sont pas parvenus à le faire. Les soldats sont rentrés dans le bunker pour prendre leur sac à dos, mais dès qu’ils ont voulu sortir dehors, il était trop tard. L’étau s’est refermé. Leur commandant de bataillon a donc décidé qu’il allait tenir le bunker aussi longtemps qu’ils le pouvaient.

Tandis que du côté des attaquants, la configuration de la position défensive du flanc ouest (celle des chalets) les a pris de court. Ils ne s’étaient pas imaginé que le gros de leur force se trouvait plus haut dans la montagne.

Comment les militaires pratiquent-ils?

Le Royal 22e régiment de Valcartier simule une vraie opération avec des balles à blanc et des fusils d’assauts de type C7 et C9 (5,56 mm, similaires à l’AR15) et la mitrailleuse polyvalente C6 (7,62 mm). Ils utilisent également des fumigènes pour cacher leurs mouvements.

Des arbitres au dossard jaune se promènent entre les rangs et disent aux soldats lorsqu’ils sont morts ou blessés. Ils sont aussi ceux qui évaluent la performance des bataillons. Tout est créé comme une situation réelle avec des blessés soignés et transportés en ambulance et des morts regroupés et identifiés.

Au total c’est près de 450 militaires qui ont été mobilisés pour cette pratique.

«Je tiens à remercier le propriétaire du Domaine du Radar» ajoute le Lieutenant-colonel Pruneau. Nombre de militaires ont apprécié la difficulté que composait le terrain. Après cinq jours à dormir dans le froid, plusieurs avaient hâte de manger de la pizza à leur retour.