La moitié des CPE et garderies inspectés une seule fois en cinq ans

Plus de 1500 services de garde au Québec n’ont subi qu’une seule inspection du ministère de la Famille lors des cinq dernières années, révèlent des informations obtenues et analysées par TC Média.

Dans la région couverte par L’Éclaireur-Progrès et Beauce Média, près de 60% des services de garde ont reçu la dernière visite des inspecteurs en 2010 et 2011.

« C’est nettement insuffisant et c’est catastrophique », s’insurge Suzanne Major, responsable du Certificat en petite enfance et famille à l’Université de Montréal.

Le nombre de places en service de garde a explosé ces dernières années au Québec. Citons pour preuve l’augmentation de 660% en 7 ans des places en garderies privées non-subventionnées, qui sont passées d’environ 7000 en 2008-2009 à 53 000 au 31 juillet 2005.

Idem pour les places en garderies privées subventionnées (+ 26%) et en CPE (+ 16%).

En revanche, le nombre d’inspecteurs, lui, stagne depuis des années, oscillant entre 42 et 46 depuis 2010. Ils étaient 44 en 2014-2015.

Même l’Association des garderies privées du Québec, dont les membres doivent être inspectés, dénonce le manque de ressources. « Une quarantaine d’inspecteurs pour le réseau au complet, ce n’est pas assez, soutient Mona Lisa Borrega, porte-parole du regroupement. S’ils étaient plus nombreux, on pourrait faire un meilleur travail, on pourrait approfondir davantage les problèmes du système. »

« J’ai déjà eu un permis qui a été renouvelé avec un an de retard parce que les inspecteurs avaient trop de travail », témoigne Mme Borrega, elle-même propriétaire de deux garderies.

Délais respectés selon le ministère

 

Pour le ministère de la Famille, les inspections doivent être réalisées dans les six mois suivant la délivrance d’un premier permis, avant la date d’un renouvellement de permis ou au maximum 45 jours ouvrables après la date de réception d’une plainte.

Selon Nadia Caron, porte-parole du ministère de la Famille, 96,2% des inspections ont été réalisées dans les temps prévus en 2014-2015.

De plus, les renouvellements de permis ayant lieu tous les cinq ans, « il se peut que, si aucune plainte n’a été logée depuis le dernier renouvellement, les services de garde n’aient reçu aucune inspection depuis 2010 », confirme la porte-parole.

Entre le 1er avril 2014 et le 31 mars 2015, le ministère a reçu 1098 plaintes déposées par des parents. De celles-ci, 822 ont été assignées pour traitement à la Direction de l’inspection.

Des parents inspecteurs ?

 

Selon Suzanne Major, responsable du Certificat en petite enfance et famille à l’Université de Montréal, les inspections sont primordiales pour garantir la qualité des services. « Quand on regarde la formation du personnel dans les garderies puis les services de garde, on a des gens qui ont toutes sortes de formations possibles et imaginables, avec des cultures extrêmement diversifiées. Il faut de l’inspection, il faut du contrôle. »

La chargée de cours conseille au ministère de miser sur les parents pour surveiller le réseau des services de garde. « Si on se rend compte qu’on est en période d’austérité et qu’on ne peut pas se payer plus d’inspecteurs, il serait intéressant et économique d’offrir ce rôle là aux parents. » Suzanne Major propose que des grilles d’évaluation leur soient fournies. « Vous avez 80 enfants dans un CPE ? Eh bien vous auriez d’un coup 160 inspecteurs pour cet établissement. »

Malgré des demandes répétées d’entretien, le Syndicat de la fonction publique du Québec n’a pas été en mesure de nous accorder une entrevue avec un représentant des inspecteurs de services de garde.