La maison des p’tits cordonniers Roy disparaît du paysage

On les appelait les P’tits cordonniers Roy. Petits parce qu’ils étaient nains et bossus. Ils opéraient leur commerce à Saint-Joseph juste au pied de la rue des Céramistes dans une maison qui, aujourd’hui, n’est plus le témoin physique de leur activité puisqu’elle a été rasée.

Délimitée de part et d’autre par de l’asphalte, la résidence des anciens cordonniers ne possédait, pour ainsi dire, aucun terrain. À peine les marges latérales et arrière faisaient-elles un mètre!

Passée sous le pic des démolisseurs le 6 juillet dernier, la vieille demeure  a laissé place à un espace qui a permis d’uniformiser le stationnement de la Maison funéraire Nouvelle Vie.

Souvenirs

Ces cordonniers, nés à Saint-Frédéric, ils étaient trois : les frères Philippe dit Ti-Blanc, Linière (Ti-Noir)  et Noël (Ti-Noël).

Marquis Jacques qui, tout jeune, vivait dans leur voisinage, se rappelle certains faits. «Quand j’avais 6 ou 7 ans, aux alentours des années 1936, je rentrais le bois et je faisais du balayage. Chaque ouvrage me rapportait 0,25 $.»

Marquis Jacques se souvient aussi des cordonniers comme des hommes qui se voulaient parfois taquins. «Une fois, il y avait eu une tempête. On m’avait demandé d’aller au presbytère chercher la corde pour faire virer le vent. De là, on m’avait renvoyé au magasin général. On a fini par me faire comprendre que je m’étais fait jouer un bon tour.»

Pour pouvoir exercer leur métier, se rappelle aussi M. Jacques, les trois cordonniers avaient adapté leurs équipements en fonction de leur petite taille.

Clientèle au-delà du Québec

Si Philippe et Linière répondaient aux besoins de la population en réparant surtout des chaussures et  des bottines, Noël avait développé une spécialité. Il confectionnait des harnais destinés aux chevaux de compétition. Sa clientèle provenait d’aussi loin que du Maine et de l’Ontario.

On ne peut dire à quel moment exactement cette cordonnerie du village a cessé ses opérations.  Cependant, on sait que Philippe a été le premier des trois frères à quitter ce monde. C’était le 31 janvier 1970; il avait 63 ans.

Noël a rendu l’âme moins d’un an plus tard, soit le 6 janvier 1971; il était encore jeune ayant seulement 52 ans. Quant à Linière, il est décédé le 11 juin 1976 à l’âge de 68 ans.