La frustration gronde chez les producteurs laitiers
AGRICULTURE. Le Programme d’investissements pour les fermes laitières (PFIL) n’a accepté que 2500 projets dans la première semaine de son ouverture.
L’accord de libre-échange Canada-Europe devait venir avec une une compensation aux agriculteurs afin de contrebalancer l’ouverture du marché canadien aux produits laitiers d’outre-Atlantique.
Rien n’était dit cependant sur comment et combien le gouvernement fédéral allait donner. Après avoir consulté le secteur, la nouvelle est finalement arrivée le 1er août. Lawrence MacAulay, ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada (AAC), a annoncé, sans fanfares ni trompettes, une enveloppe de 250 M$ sur cinq ans «pour soutenir la compétitivité du secteur laitier.»
«Personne ne l’a vu venir», dit Frédéric Marcoux, président du syndicat de l’UPA de la Nouvelle-Beauce. Il a lui aussi soumis un projet au PFIL.
Les producteurs laitiers ont ensuite eu seulement trois semaines, en période des récoltes, pour compléter leur demande et la renvoyer le 22 août. AAC écrit que cette date a été choisie «afin d’accorder suffisamment de temps aux producteurs pour remplir les formulaires.»
«Les producteurs ont préparé leur demande à la course. C’est un temps vraiment court», estime Bruno Cyr, président des producteurs de lait de Chaudière-Appalaches-sud.
Pour la première phase du projet, qui comprend les trois premières années, l’AAC a reçu quelque 2500 formulaires en une semaine. «Il y a eu une très forte demande», a écrit Patrick Girard d’AAC. Il a lui-même soumis un projet majeur à AAC.
Une première analyse laisse entendre que ces demandes dépasseront les 129 millions de dollars prévues pour la première phase. Ce qui signifie que les demandeurs seront ajoutés «à une liste d’attente dans l’éventualité où des fonds deviennent disponibles en raison d’un retrait ou d’une annulation.»
C’est donc dire qu’une minorité de producteurs laitiers bénéficieront de cet argent. Deux types de projets sont acceptés. Un projet mineur est admissible à une contribution de 60 000$ du fédéral et un grand investissement jusqu’à concurrence de 250 000$. Il peut s’agir pour une ferme de se doter d’un robot de traite, ou même d’amélioration plus mineure dans l’étable.
Critère discutable
Les montants sont alloués selon le principe du premier arrivé, premier servi. «Ils ont choisi la voie de la simplicité.», croit Daniel-Mercier Gouin, professeur d’économie agricole à l’Université Laval.
Frédéric Marcoux ne serait pas surpris si un recours collectif se met en branle par l’injustice que crée ce critère.
Pourtant, AAC maintient que «le principe du premier arrivé, premier servi a été adopté afin de minimiser les coûts administratifs et d’offrir des chances égales aux demandeurs.»
«C’est comme si chaque fonctionnaire pourra juger si oui ou non le projet sera accepté. Il y a beaucoup de projets soumis et ils ne seront pas tous acceptés. Il y aura des mécontents. C’est assuré», estime Bruno Cyr.