La force de caractère d’une coiffeuse qui oublie

COMMUNAUTÉ. Patricia Gilbert et son conjoint Normand Audet ont raconté comment ils vivent avec l’Alzheimer dans leur quotidien.

C’est dans le cadre d’une conférence de la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches que le couple de Saint-Anselme est monté sur scène pour démystifier cette maladie avec laquelle ils vivent depuis près de deux ans. Plus de 300 personnes étaient présentes au Centre Caztel pour cette occasion le 15 mai.

Témoignage

Les premiers signes avant-coureurs sont survenus au salon de coiffure que Patricia Gilbert et sœur tiennent au cœur du village. La dame de 48 ans a commencé peu à peu à oublier des éléments de son travail ou à se tromper dans la commande des clients. «Ce n’était pas comme faire une permanente brune plutôt que de teindre les cheveux en blond, mais j’oubliais, raconte Mme Gilbert. Je pensais que c’était correct, mais ça ne l’était pas. Je me le suis fait reprocher et j’ai commencé à faire de l’angoisse parce que je ne voulais pas me tromper.»

Le choc

Au départ, elle a soupçonné qu’elle souffrait du trouble du déficit d’attention. Les symptômes étaient compatibles. Une perte de poids de 25 livres et la détection d’une masse au cerveau ont amené les médecins à soupçonner un cancer. Finalement, il s’est avéré qu’il ne s’agissait pas d’une tumeur, mais des premiers signes de l’Alzheimer.

«Je me suis assis avec ma mère et j’ai demandé aux autres qui de moi ou d’elle souffrait d’Alzheimer. C’était moi. J’ai beaucoup pleuré, avoue-t-elle. Tes clientes viennent une par une te voir, les yeux dans l’eau.»

En mission

Après s’être remise de son premier abattement, Patricia Gilbert est partie en croisade contre la maladie. Une annonce dans le journal l’a aiguillé vers la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches. Elle a joint un groupe d’entraide «Temps de parole» et s’est impliquée à titre de coprésidente d’honneur de la 11e marche de l’Alzheimer.

«Je veux que les gens n’aient pas peur. Les humains, c’est beau et c’est fin. J’aurais aimé ça que certains embarquent dans la marche, mais tu ne peux pas les forcer. Il ne faut pas se cacher. Il n’y a pas de honte là-dedans», assure-t-elle.

Rencontre fortuite

Dans le cadre de son engagement, elle a fait la connaissance d’une dame de son âge, elle aussi atteinte d’Alzheimer. Elle et son conjoint sont devenus des amis. Ils ont même été invités à des vacances dans leur condo du Mexique.

Rester positif

Malgré qu’elle ne puisse plus conduire, travailler et qu’elle éprouve de la difficulté à s’habiller, Patricia aime beaucoup le monde et c’est à travers toutes ses rencontres qu’elle parvient à garder le sourire. «Il faut garder ça positif, bouger et communiquer, ne jamais remettre à plus tard ou se décourager. L’humour aide beaucoup aussi. Ça décroche le méchant», ajoute-t-elle.