La CAQ souhaite que les prisonniers payent pour leur détention

Inquiet face à l’alourdissement des coûts du système carcéral et du problème chronique de surpopulation dans les prisons, le porte-parole de la Coalition Avenir Québec (CAQ) en matière de sécurité publique et député de Beauce-Nord, André Spénard, a déposé le mercredi 4 novembre à l’Assemblée nationale le projet de loi 497 visant à responsabiliser les prisonniers quant aux coûts de leur détention.

Le député a indiqué entre autres que le taux d’occupation moyen dans les prisons est passé de 97 % à 104 % entre 2009 et 2014. « En conséquence, le coût moyen par jour par détenu est passé de 173 $ en 2009 à 202 $ en 2014. Les dépenses du système ont quant à elle augmenté de 36 % », a-t-il souligné. En d’autres mots, la facture est passée de 288 M$ en 2009 à 392 M$ cinq ans plus tard.

L’idée du parti serait donc de déduire 75 % des indemnités de revenus des détenus (placements, intérêts, CSST et autres) afin de couvrir les frais encourus. « Selon le principe de l’utilisateur-payeur, parce qu’on veut que les détenus soient considérés comme des citoyens », a continué M. Spénard, conscient que les programmes de réinsertion sociale connaissent des surplus de 23 M$ actuellement et que de nombreux détenus ont un travail en prison (donc un salaire).

Par son projet de loi, le député de Beauce-Nord souhaite sensibiliser les contribuables québécois aux coûts de détention qui ne cessent d’augmenter. « Ça suscite un débat. J’ai donné neuf entrevues jusqu’à maintenant et le monde semble d’accord avec le principe », dit-il. Par contre, avec le départ (temporaire pour des raisons de santé) de la ministre la Sécurité publique Lise Thériault, André Spénard devine que le débat pourrait s’étirer, à moins bien sûr que la population se fasse entendre à ce sujet.

« Une mise à jour des projections de la Direction des services correctionnels du ministère porte le taux d’occupation à 114 % d’ici 2020, 128 % si on applique la marge opérationnelle et sécuritaire. Avec la fermeture de la prison Tanguay en février 2016, la fermeture de bâtiments modulaires temporaires en 2018 et les effets de la Loi C-10 sur les peines minimales, la surpopulation va continuer à s’alourdir, malgré l’ouverture de nouvelles prisons l’an prochain. Le gouvernement est-il prêt à travailler avec nous pour trouver des solutions? », a-t-il lancé.