Gabriel Cyr: le capteur de phénomènes extrêmes
ENTREVUE. Le jeune homme de Saint-Elzéar vit de sa passion pour les événements météorologiques rares.
Il ne se rappellera peut-être pas de votre nom, mais il se souvient très bien de ce qui est arrivé le 29 mai 2012, un jour de printemps où les éléments se sont déchaînés. «Habituellement le matin, j’ai de la difficulté à me lever, sauf lorsqu’il y a un orage. En 30 secondes, je suis debout avec un trop-plein d’énergie, avec un rush d’adrénaline. T’espère que le stabilisateur d’images fasse son travail, parce que j’ai le « shake »», raconte Gabriel Cyr.
Cette journée-là, il a capturé avec son appareil son plus proche éclair, du jamais vu. La foudre a frappé dans la cour arrière de sa voisine, à moins de 150 mètres de lui. «Je ne suis pas le gars qui va s’abriter rapidement. Je me mets parfois en danger», avoue-t-il d’emblée.
Une passion
Le jeune homme de 23 ans a toujours été fasciné par la météo extrême. Chaque fois qu’elle se pointe le bout du nez à Saint-Elzéar, il la prend en photo. Il a commencé à s’y intéresser alors qu’il avait 13 ans. «Les phénomènes, je les connais pas mal bien», confie Gabriel Cyr.
Cela fait maintenant une dizaine d’années que ses yeux s’ouvrent, exorbitants, devant la beauté des orages, des formations nuageuses et des aurores boréales. «Je me rappellerai toujours de la première fois que j’ai vu un éclair. J’étais accolé à la fenêtre de la salle de classe au primaire. Je ne pouvais m’en détacher», ajoute-t-il.
Sur son blogue, photostormmedia.com, les photos se succèdent dans une galerie des meilleurs clichés pris depuis 2008. On y voit tout ce que la nature a de plus impressionnant à offrir, de la microrafale, aux énormes fronts nuageux. Chaque phénomène est identifié de son nom scientifique ou d’une courte explication.
La seule chose que Gabriel Cyr n’a pas encore capturée en photo est une tornade. «Je souhaite un jour partir dans le Midwest avec une équipe de chasseurs de tornades, juste pour l’ambiance», dit-il.
Maîtrise d’une technique
L’Elzéarois est loin du temps de son premier petit appareil Sony, un cadeau de ses parents. Sur le terrain, l’équipement de Gabriel Cyr consiste en deux trépieds avec une caméra avec laquelle il filme le ciel, tandis qu’avec son appareil reflex, il prend des clichés du phénomène pour garantir ses chances de succès.
De nuit, il fait de la longue exposition. De jour, c’est surtout de la prise en rafale. Il s’est acheté récemment un déclencheur automatique d’éclairs qui actionnera l’appareil à tout moment où la foudre descend du ciel.
Des aurores à la tonne
Lorsque l’activité solaire est suffisamment élevée, il n’est pas rare de voir des aurores boréales en Beauce. L’œil aiguisé de Gabriel Cyr en aperçoit davantage que la plupart des gens. En 2011 et 2015, lors d’une période de plus forte activité du Soleil, le jeune homme en a vu plusieurs par mois. «On peut facilement les confondre avec les nuages», affirme-t-il.
Météorologie
Ils sont plusieurs dans ses amis et sa famille à lui suggérer de devenir météorologue, mais Gabriel Cyr ne souhaite pas se retrouver devant un écran d’ordinateur à longueur de journée. «Je veux être sur le terrain, au cœur de la tempête.»
L’une des figures d’inspiration où il puise cet intérêt, il le doit au Québécois Éric Tourangeau qui a alimenté pendant plusieurs années son blogue «Nature insolite».