François Legault prône le gros bon sens
POLITIQUE. En visite dans Bellechasse jeudi dernier, le premier ministre François Legault a bien voulu aborder quelques dossiers régionaux avec le représentant du journal. Plus tôt en journée, M. Legault avait notamment été sensibilisé par des élus sur les irrégularités qu’occasionne la loi 103 en matière de développement régional.
Les élus de la région montrent les dents de plus en plus, particulièrement vis-à-vis l’article 75 de la loi, adoptée le 7 décembre dernier. Ceux-ci estiment qu’il risque d’avoir comme effet de concentrer tout développement dans les villes-centres, au détriment des noyaux villageois.
François Legault estime que le gros bon sens doit primer lorsque vient le temps d’allouer des espaces au détriment de la zone agricole. « Ce que l’on dit essentiellement, c’est qu’il faut regarder le portrait de l’ensemble de la région, pas seulement celui des localités. Sans dire que ça se passe ici, à certains endroits il y a des municipalités qui font des demandes alors que des espaces sont disponibles dans la municipalité voisine. En Chaudière-Appalaches, des MRC ont de grands territoires et des entreprises pourraient vouloir s’installer à un endroit, mais pas à l’autre bout de la MRC, c’est logique. Le ministre de l’Agriculture a aussi la latitude de dézoner. La priorité pour moi, c’est l’économie et l’acceptabilité des citoyens et pas seulement de la CPTAQ. »
Il faut donc, selon lui, que la loi 103 soit appliquée avec flexibilité. C’est aux MRC de se faire un plan et de le déposer, insiste-t-il. « C’est un débat délicat avec l’UPA d’inclure ça dans une loi, c’est presque mieux de travailler sur du cas par cas. Il faut savoir ce que le citoyen en pense d’abord de faire du développement résidentiel ou industriel. S’il y a de l’acceptabilité, allons-y. La ministre des Affaires municipales (Andrée Lamontagne) l’a utilisé son pouvoir discrétionnaire à certains moments pour accorder du dézonage. La priorité demeure de créer de la richesse. Si on a besoin de terrain pour une entreprise ou pour accueillir des travailleurs, alors let’s go. »
L’attrait de la ruralité et son développement sont des éléments importants à considérer, selon le premier ministre, les nouvelles dynamiques créées par la pandémie pourraient toutefois être limitées dans le temps. « D’abord, il y a une situation qui est temporaire. Les gens n’ont pas dépensé, n’ont pas voyagé pendant la pandémie et se sont acheté des résidences et les prix ont monté de façon importante et l’offre n’a pas suivi. Il faut accélérer le développement de l’offre. On travaille actuellement sur le logement abordable et on regarde pour que les permis de construction soient livrés plus rapidement. »
François Legault se dit ouvert au projet de gaz naturel porté, piloté par Développement économique Bellechasse et dont la portée serait régionale. Le sujet a fait partie des conversations de la journée. « C’est un projet de 8 ou 9 M$. Ce que je souhaite obtenir, sans avoir des engagements fermes, c’est d’avoir une démonstration qu’il y a suffisamment de clients et un volume significatif qui justifie un tel investissement. Le dossier avance bien », précise M. Legault qui ajoute avoir une rencontre avec le ministre Jonathan Julien et que le sujet fera partie de la conversation. «
Toujours en matière d’énergies renouvelables, il ne faudrait pas écarter non plus la possibilité de voir d’autres parcs éoliens dans le futur être érigés dans la région, convient M. Legault. Une rencontre prochaine avec la présidente d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, pourrait faire avancer la chose. » Contrairement à ce que l’on vivait il y a quelques années, on pourrait manquer d’énergie dans le futur en raison des demandes des entreprises et le contrat avec l’état de New York. Le coût de l’énergie éolienne a aussi changé, il est maintenant très compétitif et même moins cher qu’un barrage. On va aller de l’avant avec des appels d’offres dans le futur. La source principale des prochains approvisionnements en électricité sera l’éolien. «
Quant au dossier du transport structurant, qui comprend à la fois le 3e lien et le tramway de la Ville de Québec, François Legault confirme ce scénario et que le ministre des Transports, Francois Bonnardel, fera une mise à jour du projet de lien sous-fluvial entre Québec et Lévis au cours des prochains jours. » Ce sera un tunnel Québec-Lévis, sous le fleuve, et on va même commencer les travaux avant l’élection. Ça fait partie du projet global pour développer l’agglomération de Québec et Lévis », résume-t-il.