Faire la différence dans la vie d’adultes uniques
COMMUNAUTAIRE. Le bonheur et les rires animaient cette soirée de pratique générale d’un spectacle de danse de la troupe Clin d’oeil qui aura lieu le 19 août prochain, à la Base de Plein Air de la Chaudière, à Vallée-Jonction. Ils sont 17 adultes avec un handicap physique et/ou intellectuel qui danseront leur joie de vivre.
Ils ont entre 27 et 67 ans. Ils travaillent toutes et tous à l’usine Coup de Pouce, une sous-traitance manufacturière, à Saint-Elzéar. Leur joie de vivre est contagieuse. Lorsqu’il était temps de danser, déhanchement, danse en couple ou en ligne, les bras dans les airs, danse à claquette, musiciens, ils se donnaient à fond.
Nancy Duchesne est mère d’un fils, Anthony 29 ans, qui est trisomique. Cet hiver, avec une autre maman, elles allaient chercher huit de ces adultes avec une déficience pour les amener aux quilles. Pour la saison estivale, Mme Duchesne a proposé à ces adultes de faire de la danse, dans la cour arrière de sa maison. Mais voyant le groupe grossir au niveau des inscriptions, une de ses sœurs lui a proposé de faire les prochaines pratiques et le spectacle à venir à la Base de Plein Air de la Chaudière, à Vallée-Jonction.
« C’est mon rêve depuis toujours, je voulais faire quelque chose de grandiose pour mon fils.Je voulais qu’il ait une soirée à lui. J’ai donc mis mon rêve en exécution », explique Mme Duchesne.
Parmi les neuf bénévoles, seulement deux ne sont pas de la famille directe de Mme Duchesne, c’est devenu une affaire familiale. Pour chaque danse, deux bénévoles-professeurs de danse enseignent sur scène ou face aux adultes. Les bénévoles vont chercher les adultes avec un handicap et les ramènent après la pratique.
Tous pareils, tous différents, mais tous uniques
« On ne peut pas être de mauvaise humeur avec eux. On ne sait jamais à quoi s’attendre, mais au final c’est toujours beau de les voir […] -Ils sont toujours heureux de se revoir, même s’ils se sont vus la veille, ils se font des accolades… C’est de l’amour à profusion », ajoute Mme Duchesne.
Deux des danseurs ont accepté de parler de cette expérience de danse dans leur vie. Karine Vachon, 44 ans, qui vit à Saint-Joseph, et Pierre Audet, 67 ans de Saint-Anges, pratiquent plusieurs danses depuis juin dernier. Ils ont hâte à l’aboutissement du spectacle le 19 août.
« J’aime beaucoup la danse, mais mon défi est surtout de retenir les mouvements, à cause de ma mémoire. Avant mon accident, je faisais du balai jazz », raconte Mme Vachon. En 1998, pendant la crise du verglas, celle-ci a été victime d’un trauma crânien cérébral (TCC) sévère à la suite d’un accident de la route à l’âge de 19 ans. Elle se déplace maintenant en chaise roulante.
« J’ai fait aussi de la danse sociale avec mon conjoint. Je trouve cela valorisant », s’exclame-t-elle.
En 1973, Pierre Audet a eu notamment trois fractures crâniennes à l’âge de 17 ans à la suite d’un accident de la route.
« C’est sûr que j’aimerais danser comme avant mon accident, mais le 19 août, cela représentera un accomplissement personnel que de danser, mais j’ai aussi hâte de voir le monde qui viendra nous voir », dit-il.
Nancy Duchesne a aussi hâte au 19 août et assure qu’à la fin du spectacle, elle et ses bénévoles vont pleurer de fierté, « comme une Madeleine »…