Enviro-Cycle entre deux feux

Plus tôt ce mois-ci, on annonçait précipitamment que le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques avait révoqué le certificat d’autorisation de l’entreprise Enviro-Cycle de Saint-Isidore, la forçant ainsi à mettre fin à ses activités. En fait, la situation réelle est un peu différente et surtout, beaucoup plus complexe.

La mission du centre de tri est d’éviter que 10 000 tonnes par année de matériaux secs et résidus de construction, tels que du bois, du béton, du bardeau d’asphalte, du métal ou des pierres, prennent la route des sites d’enfouissement. À ce titre, le point en litige avec le ministère est que le bardeau d’asphalte est entreposé à l’extérieur.

Pieds et poings liés

Le problème numéro un serait attribuable à un créancier d’Enviro-Cycle, dont son président Rémy Therrien préfère taire le nom pour le moment. En effet, c’est depuis 2013 que l’on souhaite construire un bâtiment afin de mettre ledit bardeau à l’abri, mais le créancier refuse. Le projet est évalué à 230 000 $. Recyc-Québec en était d’ailleurs partenaire, mais le créancier aurait fait en sorte que les délais pour obtenir une aide financière expirent. « Il attend de me mettre en faillite pour récupérer l’entreprise. Il donne un coup de main au début et il ramasse le tout à petit prix », accuse M. Therrien.

En attendant, l’autre problème vient du ministère même qui, dans la région Chaudière-Appalaches, aurait les pires exigences au Québec selon l’homme d’affaires. À titre d’exemple, un centre de tri à Warwick (Centre-du-Québec) disposerait aussi son bardeau d’asphalte sous le soleil et n’aurait jamais eu de problème avec le ministère.

Toujours à son avis, le bardeau d’asphalte disposé sur son terrain n’est pas plus toxique que celui que l’on retrouve sur le toit de presque toutes les résidences. Afin d’être certain de ne pas contaminer la nappe phréatique, il a fait installer des puits d’observation, et les analyses qu’il a effectuées annuellement depuis 2014 montrent que son eau est parfaitement saine. « Je ne veux pas d’une guerre avec l’Environnement. Ils sont les bienvenus, je suis là pour travailler avec eux » a assuré Rémy Therrien, dont tous les contrats sont sur la glace depuis le mois de juin à cause de cette histoire.

Enfin, du côté gouvernemental, on ignore encore ce qui sera proposé à l’entreprise de Saint-Isidore et à quel moment. De plus, on ne souhaite pas commenter la situation afin de ne pas nuire aux procédures en cours.