Un budget simple et électoraliste

FINANCES.  La plupart des économistes s’entendent pour dire que le plus récent budget provincial, présenté mardi dernier à Québec, contient peu de surprise et pourrait même, à la rigueur, servir de tremplin à la prochaine campagne électorale provinciale.

Pour Steeve Vachon, associé et fiscaliste chez Raymond Chabot Grant Thornton, le versement d’un 500 $ à la grande majorité des citoyens en est le fait saillant. « C’est un crédit d’impôt remboursable, donc c’est du net. »

Il rappelle toutefois que les personnes souhaitant en bénéficier doivent produire leur rapport d’impôt. « Tu as 18 ans ou plus, résident du Québec en 2021 et tu produis ton rapport d’impôt, tu vas recevoir 500 $, soit par remboursement d’impôt, et si tu avais déjà produit ton rapport d’impôt, tu vas éventuellement recevoir un chèque ou un dépôt bancaire. »

Pour éviter toute confusion, il précise que le 100 000 $ qui sert de seuil pour recevoir ou non le montant vient du salaire net du contribuable. « Quand on parle de salaire, on pense généralement à un montant brut. Dans ce cas-ci, on fait référence à la ligne 275 du rapport d’impôt, qui indique le revenu net. Pour les travailleurs autonomes, c’est encore le temps de planifier certaines choses. »

Dans les autres éléments du budget présenté mardi dernier, M. Vachon remarque que le report du versement des intérêts sur les prêts étudiants devrait toucher un bon nombre de personnes de la région.

Au niveau environnemental, la réduction des aides sur l’acquisition des véhicules électriques ou hybrides ne surprend pas outre mesure Steeve Vachon qui estime la mesure possiblement reliée au coût d’achat de ces voitures. « Les prix de vente devraient diminuer possiblement, le message peut sembler contradictoire et peut sembler surprenant, mais ça semble être la tendance. »

Pour les localités, certaines aides au développement de logements sociaux pour faciliter l’accès à du logement abordable sont des éléments qui viennent les rejoindre. « Il y a des choses pour les écoles, des éléments visant à encourager la prospérité économique, l’achat local et le tourisme, certaines choses pour l’industrie forestière et sa modernisation, l’agriculture durable, et certaines choses pour motiver la reprise des activités culturelles, ce qui peut servir les municipalités dans certains cas. »

Élément non négligeable du budget qui trouvera écho dans la région, un investissement de 38 M$ pour la mise en œuvre d’un plan de gestion pour les résidus d’amiante et miniers. « Pour la région des Appalaches, ça semble intéressant, mais l’investissement est sur cinq ans. »

Les enjeux n’ont pas été faciles au cours des deux dernières années pour les gouvernements et l’incertitude planétaire laisse plusieurs choses en suspens, observe M. Vachon. Il se dit toutefois étonné de ne pas retrouver d’incitatifs au recrutement de la main-d’œuvre pour les entreprises de la région à l’intérieur du document. « Il y a quelques mesures, mais ça manque de couleur au niveau de l’aide pour garder certaines personnes au travail, le temps supplémentaire, retrouver certains travailleurs expérimentés ou faciliter l’immigration. Il semble y avoir une volonté de changer la culture du travail, mais on ne dit pas comment. On garde possiblement ça pour la campagne électorale. »

Point positif du budget selon M. Vachon, la prudence du gouvernement du Québec dans ses projections qui tient compte du contexte actuel. « M. Legault a un passé de comptable, on le voit. Dans ses projections, il utilise la provision de risque économique, ce qui est conservateur. Des provisions sont visibles pour les prochaines années et on voit ce qui pourrait l’inquiéter, autant la pandémie que la guerre, l’inflation, les chaînes d’approvisionnement, que la rareté de la main d’œuvre, le pétrole ou la possible baisse de l’économie chinoise. J’aime cette stratégie, mais ça indique aussi qu’on se dirige vers des élections. »