Budget fédéral 2018: Structurant pour l’économie, négligent pour les finances publiques

AFFAIRES. La conjoncture économique favorable donne une marge de manœuvre au gouvernement pour résorber le déficit, selon la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-Beauce (CCINB) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). Pourtant, selon les deux organisations, le budget fédéral présenté le mercredi 28 février dernier propose plutôt le contraire.

« La situation économique du Canada ne doit pas permettre au gouvernement fédéral de baisser la garde sur des enjeux comme le retour à l’équilibre budgétaire, l’impact de la réforme fiscale américaine sur la compétitivité des entreprises canadiennes et l’incertitude liée aux négociations de l’ALENA », ont déclaré Stéphane Forget, président directeur-général de la FCCQ et Francois Lehouillier, président de la CCINB. Ceux-ci sont d’avis que dans le contexte actuel, le gouvernement fédéral aurait dû envoyer un signal clair sur la manière dont il entend préparer l’économie canadienne face à la réforme fiscale américaine, afin de préserver la compétitivité des entreprises.

« Par ailleurs, certaines mesures comme l’investissement important en recherche et innovation, annoncé dans le budget constituent des gestes structurants pour l’économie canadienne et positionnent les entreprises favorablement face à la concurrence mondiale », affirme M. Forget. Également, la volonté du gouvernement du Canada de mettre en place des stratégies visant à faciliter le développement des compétences des femmes en affaires, améliorer leur accès aux capitaux et augmenter les occasions de réseautage pour elles, leur permettra de contribuer encore davantage à l’économie du pays.

« Quant à la réforme de la fiscalité des sociétés privées, le gouvernement avait donné suite, cet automne, à un certain nombre de revendications des entrepreneurs. Toutefois, en allant de l’avant avec sa modification du traitement fiscal des placements passifs, le ministre envoie un très mauvais signal, ce qui aura un impact sur la croissance des entreprises et ne manquera pas d’affecter négativement le réflexe entrepreneurial », a lancé M. Lehouillier.

La FCCQ et la CCINB demandent que le gouvernement fasse en sorte qu’il y ait une équité fiscale entre les fournisseurs de biens et services intangibles étrangers et canadiens, comme pour les biens tangibles. Toujours selon eux, le cas Netflix est le plus spectaculaire exemple. Pendant que le Canada fait du sur-place, plusieurs autres États ont adopté des mesures fiscales pour offrir à leurs entreprises un environnement compétitif et équitable à l’ère numérique. Il n’y a pas de raisons que le Canada n’évolue pas sur cette question.

La FCCQ et la CCINB avaient aussi réclamé une réforme de l’assurance-emploi, afin que ce programme atteigne plus efficacement ses objectifs; une demande qui est restée lettre morte. De plus, il n’y a pas de réelle injection de fonds supplémentaires dans la nouvelle allocation canadienne pour le travail, une bonne nouvelle en soi, mais qui ne vient que compenser les hausses de cotisations au régime public de retraite (RPC et RRQ).