Alzheimer: quand doit-on consulter?
SANTÉ. Parmi les personnes de 65 ans et plus, 8% souffrent de troubles de mémoire de modérés à sévères. Chez les 85 ans et plus, cette proportion passe à 33%.
La Dre Michèle Morin a prodigué ses conseils le 15 mai au Centre Caztel, dans le cadre d’un événement organisé par la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches. La gériatre dispense des cours à la Faculté de Médecine de l’Université Laval. Elle s’est déplacée à Sainte-Marie afin d’aider les gens à faire la différence entre ce qui est normal comme oubli et ce qui ne l’est pas. Sa conférence «Ma mémoire, j’y pense. J’oublie, je m’inquiète» a fait un survol de cette maladie.
«Il n’y a rien comme être anxieux pour oublier», a-t-elle dit.
L’enregistrement
Plusieurs facteurs influencent la rétention de l’information. L’acuité des sens tels que l’ouïe ou la vue est la première étape dans le processus de mémorisation. C’est pourquoi l’examen médical d’une personne peut révéler qu’il s’agit d’un problème lié à l’affaiblissement de la capacité auditive, par exemple.
Il y a aussi des éléments dont on ne doit pas se souvenir, car ils ne sont pas importants. Par exemple, il n’y a pas d’intérêt à retenir le numéro de téléphone de la pizzeria du coin.
Il y a aussi les informations dont on ne veut pas se souvenir, soit parce qu’on n’en fait pas l’effort ou parce qu’ils ne sont pas agréables à nos yeux.
Les informations peuvent aussi être emmagasinées dans une banque de mémoire à court terme et un autre tiroir plus profond, à long terme.
Facteurs physiologiques
Des éléments à l’intérieur du corps ont aussi leur importance dans la mémorisation. Un manque de vitamine, une mauvaise circulation sanguine, des problèmes liés aux glandes entravent son fonctionnement normal. Il va sans dire qu’une personne de 70 ans aura également besoin de plus de temps qu’un jeune de 20 ans pour saisir une information. «Quand quelqu’un vient me voir, je dois avoir tout ça en tête», explique Mme Morin.
Diagnostic d’exclusion
Lorsqu’un médecin effectue des tests pour déterminer si une personne souffre ou non d’Alzheimer, il y va par élimination et il n’affirme jamais avec une absolue certitude que la personne en souffre. «Votre médecin de famille est bien placé pour accueillir vos inquiétudes. Si c’est un sport quotidien de chercher, mieux vaut en parler plus taux que tard», affirme la docteure.
Après un premier examen physique, les patients et leurs proches répondent à un long questionnaire. L’omnipraticien leur fait passer, si nécessaire, un test de mémoire, une prise de sang, une tomographie axiale calculée par ordinateur (TACO). Ce n’est qu’ensuite qu’un diagnostic sur la maladie dégénérative pourrait être donné.
Démence: un mot qui fait peur
Un nouveau mot est utilisé pour caractériser la maladie dont souffrent ces personnes. On les dit atteints d’un trouble neurocognitif majeur. «Aujourd’hui, on parle moins de démence. Le mot veut tout simplement dire que vous avez perdu de vos capacités, autant appeler un chat un chat», prône Dre Morin.
Quel coupable?
À ce jour, l’Alzheimer est une maladie de cerveau de cause inconnue. Les recherches tendent à démontrer qu’elle est liée à un ensemble de facteurs affectant la personne dans un ordre particulier. Ce dont on est sûr est comment cela se produit dans le cerveau. Un neurotransmetteur du nom d’acétylcholine se met à attaquer les neurones, laissant des «trous» dans la tête des gens et empêchant l’information de circuler.
Médication
Les traitements de l’Alzheimer n’ont pour effet que de ralentir la progression de la maladie. Le tiers de ceux qui prendront les pilules verront une amélioration, un autre tiers verra une stagnation et un autre une poursuite de leur détérioration. «Il n’y a aucun moyen de savoir comment le corps va réagir», ajoute la gériatre.
Quatre médicaments existent: le Donézépil, la Rivastigmine, la Galantamine et la Mémantine. Chacun d’eux se prend en pilule ou certains sous forme de timbre cutané.
Au Québec, l’Alzheimer est une maladie d’exception. Ce qui signifie que le médecin doit remplir un formulaire avec certains critères, afin de recevoir un remboursement de Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Certains prescrivent le Donézépil et la Rivastigmine en combinaison. Des recherches ont démontré que la prise simultanée augmente le niveau d’efficacité. Cependant, la Régie ne rembourse que l’un des deux. Les gens devront donc débourser 40$ par mois de leur poche.
Avant d’y être
C’est bien connu; l’activité physique protège le cerveau. Une alimentation riche en poissons, petits fruits et rester actif intellectuellement sont tous des éléments qui vont éloigner le spectre de cette maladie. C’est à bien se souvenir.