Abandon du 3e lien: de vives réactions

CIRCULATION. Après l’annonce de la fermeture de l’usine Olymel de Vallée-Jonction, la région Chaudière-Appalaches doit composer avec une deuxième nouvelle d’importance en moins d’une semaine. L’annonce du gouvernement du Québec, confirmée jeudi par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, d’abandonner les voies automobiles dans une nouvelle version d’un tunnel Québec – Lévis a reçu un accueil cinglant un peu partout sur la rive-sud de Québec.

La nouvelle avait été rapportée par différents médias mardi dernier et déjà, la déception avait été étalée sur la place publique avant même que la nouvelle ne soit confirmée. Le député de Beauce-Nord, Luc Provençal, a été l’un des premiers à commenter les rumeurs devant les médias et avait rapidement affiché sa déception.

Élu en 2018 sous les couleurs de la Coalition Avenir Québec, M. Provençal avait milité en faveur d’un 3e lien alors qu’il était maire de Beauceville, préfet de la MRC Robert-Cliche et président de la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA).  « J’ai travaillé pour appuyer le 3e lien, alors c’est sûr que personnellement, je suis déçu. Je n’ai pas eu la chance de faire le tour des électeurs, mais on me le dit qu’il y a une forte déception. »

Président du caucus régional de Chaudière-Appalaches, M. Provençal a aussi pu mesurer la déception chez ses collègues, lors d’une rencontre du caucus mardi dernier.

Préfet de la MRC Nouvelle-Beauce et maire de Sainte-Marie, Gaétan Vachon a lui aussi affiché clairement sa déception de l’abandon d’un lien supplémentaire entre les deux rives. « Ce n’est pas l’histoire d’un tunnel. Pour nous, un lien supplémentaire était une plus-value. De notre côté, nous avons une voie qui se dirige vers le pont Pierre-Laporte et quatre voies viennent rejoindre la nôtre. Quand les gens disent que ce n’est pas congestionné, ils ne sont pas sur la même planète que nous. »

Il comprend que financièrement, le projet pouvait sembler ambitieux. Conserver un lien uniquement dédié au transport collectif n’est pas la solution, car elle ne tient pas compte des perspectives d’avenir, estime-t-il. « Nous avions une vision visionnaire, car elle tenait compte du vieillissement des deux ponts actuels. On nous a même dit pendant la pandémie que le pont Pierre-Laporte avait vieilli plus vite que prévu, notamment. Si un des deux ponts ferme, il arrive quoi ? Monter un projet est de 7 à 10 ans. Il faut trouver d’autres solutions, si celui-ci n’était pas le bon projet. »

Sur un tunnel dédié uniquement au transport collectif, Gaétan Vachon estime que l’économie ne sera pas substantielle. « Faire un petit tunnel versus un plus gros coûtera aussi cher, pour des questions d’ingénierie et de logistique. »

Il ne croit pas non plus à la pertinence de s’être basé sur des statistiques de circulation de 2022 pour justifier la décision. « Le comparatif de 2022 est une porte de sortie. Chez Mobilité Beauce-Nord, on le voit. Les résultats de 2023 sont largement supérieurs à ceux de 2022. Ça ressemble davantage à 2019 et c’est même supérieur. Nous étions encore en transition l’an dernier. Les entreprises ont commencé à ramener les gens au bureau et ça se fait graduellement. »