À quand un meilleur accès à internet dans les rangs de la Beauce?
TÉLÉCOMMUNICATION. Seules trois municipalités dans les trois MRC de la Beauce ont bénéficié d’investissements des gouvernements pour une meilleure couverture de la téléphonie mobile et d’internet.
Cela fait environ trois semaines que le sondage en ligne est lancé. Les résidents de la MRC Robert-Cliche sont invités à se rendre sur le site internet de Sogetel afin d’y répondre et permettre à l’entreprise, basée à Nicolet, d’avoir une meilleure idée des besoins de la région.
«Il nous faudrait au moins un foyer sur 50 pour être représentatif, dans chaque municipalité. Plus nous avons de données et plus nous avons de chances d’avoir une bonne idée du territoire», a dit Isis Thiago De Souza, vice-présidente technologie et développement des affaires chez Sogetel.
Une deuxième ronde de financement
Les programmes provincial «Québec Branché» et fédéral «Brancher pour innover» ont octroyé 293,3 millions de dollars à 80 projets dans la province en 2017. Son objectif est d’améliorer les services internet et de téléphonie mobile dans les territoires à faible densité de population. Cependant, seules trois municipalités parmi les trois MRC de la Beauce font partie de l’un de ces projets: Armstrong, Lac-Poulin et Saint-René.
Une carte non représentative
Aucun projet n’a été soumis dans les MRC Robert-Cliche et La Nouvelle-Beauce pour améliorer les services de téléphonie ou d’internet dans le cadre de ces programmes.
La carte d’admissibilité sur laquelle les gouvernements se basent pour désigner les aires mal-desservies ne reconnaît aucun endroit sur notre territoire. En d’autres mots, aux yeux des fonctionnaires de Québec et Ottawa, la Beauce possède un niveau suffisant d’accès à internet et à la téléphonie mobile.
«La carte sur laquelle les gouvernements se basent pour octroyer les montants est désuète. Elle ne représente pas la situation actuelle de La Nouvelle-Beauce», explique Réal Turgeon, maire de Saint-Isidore.
Une alternative existe si seulement une partie d’un territoire est mal-desservi. Le projet doit prouver qu’il est en dessous du seuil minimal de 5 mégabits par seconde (Mb/s) en téléchargement et de 1 Mb/s en téléversement. Ils deviennent alors admissibles.
Les rangs orphelins
Le maire de Sainte-Marie et préfet de la MRC de La Nouvelle-Beauce, Gaétan Vachon, qui a aussi travaillé pendant 35 ans dans le domaine des télécommunications, estime que 90% de sa ville est branchée à la fibre optique. Il n’y a que les rangs qui n’ont pas un service suffisant. «On va continuer à sensibiliser l’accès à internet. Il y a des fermes qui ont des besoins pour leurs robots», prend-il comme exemple. Il ne souhaite pas par contre répéter l’erreur gaspésienne de prendre en charge le développement d’un réseau et qu’au bout de trois ou quatre ans être aux prises avec une infrastructure désuète.
Les fournisseurs orientent-ils les enveloppes?
La majorité des 80 projets acceptés dans le cadre de Québec Branché et Brancher pour innover sont allés aux grandes entreprises de télécommunication.
Les fournisseurs d’accès internet (FAI) détiennent les données de leurs clients. Ils sont en mesure de prouver plus facilement les endroits mal-desservis. Les FAI prendront des décisions d’affaires qui tendront à maximiser leurs profits, même en milieu rural. Ils auront donc une préférence à soumettre des projets aux plus grands nombres de clients potentiels et non selon les besoins réels de la population. «Ils vont aller chercher ce qu’il y a de plus payant», avoue Gaétan Vachon. Il restera donc des poches, des territoires orphelins, comme dans les MRC de la Beauce, aux distances trop vastes et à la population trop petite pour susciter de l’intérêt.
Sogetel palie le manque de données
Telus, Bell, Maskatel, Axion et Cogeco ont toutes refusé l’appel d’intention de la MRC Robert-Cliche pour son projet de fibre optique.
Seul Sogetel a répondu favorablement. «Personne ne veut aller dans les rangs. Mais pour nous, on a toujours été très actif en campagne. Ça fait partie de notre mission», commente Mme Thiago De Souza.
N’étant situé qu’à Saint-Odilon-de-Cranbourne, Beauceville et Saint-Victor, Sogetel a besoin de connaître la vitesse d’internet ailleurs dans la MRC. «On ne doit pas assumer que dans les villages la vitesse est bonne. C’est différent si on accède à internet au retour du travail ou à deux heures du matin», décrit Mme Thiago De Souza.
Les données leur permettront de prouver qu’il existe des zones en dessous du seuil minimal et éligibles au programme futur.
Les déserts technologiques
Le conseil municipal de Sainte-Hénédine a adopté une résolution en janvier demandant à Telus une meilleure desserte cellulaire. Elle mentionne que les tests indiquent une couverture non appropriée et que «la réception et l’envoi d’appel sont inadéquats […] à l’intérieur des bâtiments.»
Saint-Isidore a fait de même pour un secteur de 300 résidents (Grande-Ligne, Saint-Pierre et Dalhousie) qui a «une vitesse de téléchargement de moins de cinq mégabits par seconde (5 Mb/s) qui se dégrade considérablement ou arrête de fonctionner lors de mauvaises conditions météorologiques», énonce la résolution. Il s’agit de la troisième fois que le conseil adopte une telle position dans les dernières années. Leurs demandes n’ont pas été plus loin que l’accusé réception de Telus, explique le maire Réal Turgeon.
À Saint-Joseph-de-Beauce, les résidents ruraux représentent le tiers de la population de 4900 habitants. Les zones les plus problématiques se trouvent à l’est de l’autoroute 73. Cette portion mal connectée s’étend jusqu’à Saint-Odilon-de-Cranbourne. Les rangs L’Assomption-Sud, Sainte-Suzanne, de la Petite-Montagne, la Route Calway et Baptiste Maheu sont certaines voies publiques où les résidents sont mal-desservis par le réseau actuel.
Pour participer au sondage de la MRC Robert-Cliche, cliquez sur le lien suivant. Suivez les instructions afin d’y répondre à trois moments de la journée.
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