Goodbye, madame Marlene

ÉDUCATION.  > À la prochaine rentrée scolaire, madame Marlene n’y sera pas pour accueillir les enfants des écoles Barabé et Drouin de Saint-Isidore. Madame Marlene est à la retraite.

Nul doute que l’ex-directrice ressentira quand même un petit pincement au cœur cette journée-là, elle qui a été toujours présente au cours des neuf dernières années.

Marlene Demers a définitivement fermé les livres sur une longue carrière en enseignement le 29 juin dernier. Dans son agenda, elle a simplement inscrit «goodbye».

Mais elle ne s’en va pas avec tristesse, loin de là. Elle pourra maintenant passer plus de temps avec son conjoint Claude, l’amour de sa vie, ses trois enfants et ses sept petits-enfants.

Elle pourra aussi aller se balader en forêt, ce qu’elle n’a pas fait depuis belle lurette, et s’adonner à la chasse. Et aussi… dormir.

«Après toutes ces années dans l’enseignement, onze années à cumuler le poste de maire de Saint-Patrice, j’ai un peu brûlé la chandelle par les deux bouts, et même aussi par le milieu», confie-t-elle avec le rire sonore qui l’identifie bien.

Saint-Isidore

Il y a neuf ans, après de nombreuses années comme enseignante puis directrice adjointe à la Polyvalente Benoît-Vachon, elle a besoin d’un nouveau défi, celui de directrice au primaire. On lui offre Saint-Isidore, qu’elle accepte.

«Je me suis retrouvé dans une communauté très impliquée dans la vie des écoles Barabé et Drouin. De plus, plusieurs des élèves étaient des enfants d’étudiants que j’avais eus à la polyvalente, ce qui a grandement aidé mon intégration», précise-t-elle.

Rapidement, elle installe son style, franc, direct, près des enfants, de leurs parents et des enseignants. «Pendant ces neuf années, je me suis toujours fait un devoir d’aller porter une carte de fête le jour de l’anniversaire d’un élève ou d’une enseignante. Une manière de montrer que je pense toujours à eux».

Elle confie que jamais elle ne s’est sentie obligée de se rendre au travail. «Il faut de la passion pour faire ce métier, sentir qu’on peut faire une différence dans la vie des enfants. C’est par choix que j’ai choisi ce travail».

Le drame

On ne peut évidemment pas parler de son passage à Saint-Isidore sans rappeler le drame qui a secoué cette municipalité en février 2014, alors que Médora et Béatrice Godin sont décédées de manière brutale.

«On ne pense jamais qu’une telle chose puisse se passer chez nous, dans une petite communauté rurale». Marlene Demers doit donc réagir, vite et bien.

«La Commission scolaire nous offrait plein de ressources pour nous aider. Mais je leur ai dit d’attendre un peu, que ce serait le personnel de l’école qui accueillerait les enfants le premier jour de classe suivant. C’était important pour moi qu’ils se retrouvent avec des personnes connues, des personnes en qui ils ont confiance».

Parmi les autres mesures mis en place : pas de journalistes dans les écoles. «Je tenais à ce que le moins d’éléments extérieurs viennent perturber la vie des enfants».

Puis, le temps a lentement permis aux écoles Barabé et Drouin de retrouver leur quiétude.

La retraite

Marlene Demers devra donc apprendre maintenant à vivre éloignée de ses petits bouts-d’choux. «À l’automne, après un été semblable aux autres à profiter de la vie en famille, je ne rentrerai pas travailler. C’est sûrement à ce moment-là que je vais réaliser que je suis maintenant à retraite».

Parions qu’ils seront plusieurs dans les écoles Barabé et Drouin à se demander : «elle est où madame Marlene?»