Opposition toujours perceptible au registre des armes d’épaule

POLITIQUE.  > Entré en vigueur le 29 janvier 2018, le registre des armes d’épaules du Québec laissait un an aux propriétaires d’armes sans restriction pour enregistrer celles-ci.

En date du 15 janvier 2019, seulement 20 % des armes en circulation avaient été déclarés au Service d’immatriculation des armes à feu du Québec (SIAF). Dans la Beauce, ce sujet reste sensible selon Christian Blais, propriétaire de Pronature à Saint-Georges.

«Les chasseurs en ont ras le bol de passer pour des criminels. Certains d’entre eux ont acheté des armes ailleurs au Canada pour éviter de les enregistrer. Chez nous, on l’a constaté avec la diminution des ventes. Ça a été une année difficile», reconnaît-il.

Lui-même opposé au registre, Christian Blais trace toutefois la ligne entre son opinion et ses services comme entrepreneur. «Je ne peux pas encourager les gens à frauder la loi, mais c’est important que les citoyens puissent s’exprimer contre cette politique», affirme celui-ci.

Même si l’enregistrement est gratuit, tous les citoyens du Québec ont payé pour l’implantation du registre. L’an dernier, Québec avait annoncé qu’une somme de 20 M$ serait investie dans la première année de fonctionnement du service. La mise en ligne du site web a coûté près de 2 M$.

«Les propriétaires d’armes étaient déjà obligés de les enregistrer à la GRC ou à la Sûreté du Québec. Le registre canadien a été éliminé sous le Parti conservateur. Ça a été un désastre financier sans sauver plus de vies», avait dit M. Blais lors d’une précédente entrevue, en février 2017.

Santé mentale

Une pétition appelée Contre le registre, pour la santé mentale a été lancée au début du mois sur le site change.org.

Créé par Pierre Lefebvre, travailleur social et chasseur passionné, le document indique qu’aucune étude n’a encore fait une association directe entre l’existence d’un registre et la baisse des crimes violents.

«Dans le cas contraire, le registre fédéral n’aurait pas été abandonné et toutes les nations nord-américaines s’intéresseraient à cette règle, ce qui est loin d’être le cas», explique-t-il.

Comme d’autres contestataires, Pierre Lefebvre voudrait plutôt un réinvestissement du gouvernement en santé mentale, ceci afin d’éviter les drames humains commis par des personnes malades ou déséquilibrées.

Véronique Lévesque.

Cet avis est partagé par Véronique Lévesque, chasseuse et propriétaire de Buck Hunter à Saint-Victor, qui s’est adressé au premier ministre François Legault par une vidéo sur Facebook.

«Monsieur Legault, avant d’être premier ministre, vous nous avez dit que c’était important d’écouter les citoyens. Les chasseurs se sont mobilisés pour faire comprendre que ce n’est pas nous qui sommes dangereux ou nos armes, mais les personnes qui ont de mauvaises intentions derrière les armes», rappelle-t-elle.

Les propriétaires n’enregistrant pas leurs armes s’exposent à des amendes de 500 $ à 5000 $ s’ils sont interceptés par un agent de la paix. Pour les renseignements complets, visitez le siaf.gouv.qc.ca.

La CAQ re reculera pas

Même si le registre des armes d’épaules a été entériné sous l’ancien gouvernement libéral, la Coalition Avenir Québec (CAQ) réaffirme que ce dernier restera en place, malgré des pressions citoyennes. La majorité des députés de la CAQ avaient voté pour l’implantation du registre en 2016. Sept caquistes s’étaient alors opposés à celui-ci, dont André Spénard, ancien député de Beauce-Nord.

Luc Provençal, actuel député du comté, ainsi que Samuel Poulin, député de Beauce-Sud, n’ont pas retourné les appels du journal pour commenter le dossier.