Saint-Bernard : l’avis d’ébullition maintenu pour longtemps

MUNICIPALITÉ.  > Les utilisateurs du réseau d’aqueduc de Saint-Bernard devront prendre leur mal en patience et continuer de faire bouillir leur eau encore douze et peut-être même… dix-huit mois!

Le mercredi 12 décembre dernier, plus de cent résidents de Saint-Bernard ont assisté à une soirée d’information donnée conjointement par la municipalité, la Direction de santé publique et le ministère de l’Environnement.

Les docteurs Diane Morin et René Villette ont fait le point sur l’éclosion de gastro-entérite provoquée par la bactérie campylobacter qui aurait touché jusqu’à 300 personnes en juillet dernier, dont quelques cas nécessitant une hospitalisation. «En fait, j’ai rarement vu autant de malades de ce type, dans une petite municipalité, de toute ma carrière», a lancé la Dre Morin. Toutes les vérifications ont pointé vers l’eau du réseau d’aqueduc comme unique cause de la contamination.

Depuis juillet, de nombreuses interventions ont été effectuées afin de sécuriser le réseau : nettoyage et étanchéité de la citerne, installation de clapets antiretour, etc.

Même si la plupart des tests effectués de la municipalité n’ont pas révélé de nouveaux cas d’infection, la Santé publique demande que l’on continue de faire bouillir l’eau «parce que nous n’avons pas été en mesure de trouver la cause exacte de l’infection et que nous ne pouvons garantir que le réseau n’est plus vulnérable, malgré les correctifs apportés», a déclaré le Dr Veillette.

Chloration

La seule solution qui reste pour la municipalité est la réalisation d’une usine de chloration de l’eau qui, selon le maire André Gagnon, devrait également traiter le manganèse et le calcaire.

«Nous sommes actuellement en négociation avec le ministère des Affaires municipales à ce sujet. Nous avons de nouveaux ingénieurs qui tentent d’accélérer le processus. Malgré tout, il serait étonnant que la réalisation de l’usine soit complétée avant la fin de l’année prochaine. Il faudra ensuite ajouter six mois de rodage.»

Un citoyen a demandé pourquoi la municipalité n’a pas encore d’usine de chloration? Le maire Gagnon a indiqué que le conseil envisageait le projet avant l’éclosion de gastro-entérite. «Il faut dire aussi qu’il n’y avait pas de demande réelle de la population pour effectuer une telle dépense alors que l’eau était bonne, jusqu’à juillet dernier».

À savoir si le purin de porc pourrait être un vecteur d’infection, l’ingénieur Clément Lapierre a rejeté cette option. «Les cinq puits qui alimentent le réseau sont situés en profondeur, sous un épais couvert de roc qui empêche l’infiltration de contaminants provenant de la surface».

À noter qu’il y a présentement 589 résidences branchées au réseau d’aqueduc.

Un cri du coeur

Entre un quart et un tiers des personnes présentes ont signifié, à main levée, qu’ils buvaient l’eau du réseau sans la faire bouillir.

Certains se demandent d’ailleurs si cette éclosion de campylobacter pourrait vraiment se répéter puisque le réseau a été sécurisé, ce qui a déclenché un véritable cri du cœur d’une maman de deux enfants qui ont contracté la bactérie et dont l’un s’est retrouvé aux soins intensifs à l’hôpital.

«C’est une situation qui doit être corrigée. Je suis conscient que certains adultes ont des anticorps pour résister à la bactérie, mais ce sont souvent les enfants qui sont les premières victimes de telles infections», a-t-elle lancé tout en laissant entendre que si la municipalité veut attirer des familles, elle doit prendre les mesures pour assurer une bonne qualité de l’eau et veiller à la santé des enfants.