Nous avons baissé les bras

OPINION. Bonjour, Je me permets ici, par le biais de cette lettre, de m’adresser à tous les Mariverains et Mariveraines ainsi qu’à nos élus municipaux.

C’est avec stupeur et colère que j’ai lu que l’autorisation avait été donnée de démolir l’ancien monastère des Oblates de Béthanie, autrefois résidence des notaires Théberge et La Rue. En lisant ces mots, j’ai été mis devant une vérité cruelle: nous avons tous baissé les bras.

Nous avons baissé les bras, à l’aube de notre 275e, devant notre responsabilité de protéger notre patrimoine bâti (religieux ou non) et devant un centre-ville qui se dévitalise. À ce rythme, et devant la démolition d’un immeuble phare comme le monastère, j’ai l’impression que bientôt il n’y aura qu’une kyrielle de plaques commémoratives devant des terrains vacants.

Nous avons baissé les bras devant des facteurs économiques, en invoquant les coûts que pourraient représenter une décontamination et une mise à niveau. Comme si le simple fait de dire le mot « amiante » nous déculpabilisait de protéger notre héritage collectif. Je suis tout à fait conscient que les coûts peuvent être élevés, mais n’avons-nous pas prouvé, par le passé, que les Beaucerons savent se retrousser les manches pour ce qui leur tient à cœur?

Nous avons baissé les bras devant notre devoir de mémoire collective, si on accepte que seule une fine clôture de fer forgé soit le dernier témoin de ce qui fut jadis surnommé le « Château Beauce ». Parce que « ça fait un peu plus privé (pour les résidents). »

Nous avons baissé les bras face au mirage que l’endroit serait un milieu de vie parfait pour des personnes âgées autonomes en raison de la proximité des commerces. Permettez-moi de rire.

Oui, il y a une pizzéria. Oui, il y a des salons de coiffure sur la Rue Notre-Dame, mais il y a surtout un ancien centre-ville qui s’essouffle.

Nous avons baissé les bras devant le souhait des dernières occupantes de ce lieu, qui  avait cédé le bâtiment à la Société de l’Alzeimer, avec le désir que ce dernier demeure au service de la communauté. Comme il l’avait toujours été. Ne pourrions-nous pas, comme collectivité, prendre exemple sur le centre culturel Marie-Fitzback de Saint-Georges, qui a investi l’ancien couvent des sœurs du Bon Pasteur pour en faire un haut lieu d’échange, de culture et d’art?

Nous avons finalement baissé les bras devant notre devoir de citoyen, en laissant les élus seuls responsables de la démolition. Loin de moi ici l’idée de jouer au « gérant d’estrade ». J’étais absent le soir de l’assemblée du 10 septembre et j’ai honte ce matin. Si j’écris ce texte, c’est dans l’espoir que d’autres personnes, comme moi, relevions nos manches pour travailler avec nos élus afin de trouver un projet unifiant, stimulant et qui permettrait de préserver notre histoire au profit de notre communauté.

Si cette lettre se rend jusqu’à nos élus, par le biais de ce média ou par vos voix, il me fera grand plaisir de pousser plus loin cette réflexion.

 

Philippe P. Gobeil