Le mot

COMMENTAIRE. On l’entend de moins en moins souvent. À l’image de l’homme qui aurait mal au ventre après avoir mangé une salade, c’est malheureux, mais c’est surtout incompréhensible. Nos parents insistaient pour qu’on le dise, et nous avons transmis la politesse à nos enfants, mais il semble évident que le mot n’est plus à la mode aujourd’hui.

Manifestement, certains l’utilisent toujours. C’est évident comme les « cadeaux » que dépose l’animal inconnu qui vient se soulager dans mon parterre de fleurs. (À son attention: sache que je possède des souliers à cap d’acier!) Toutefois, à moins que je sois particulièrement mal chanceux, je suis obligé de constater que le mot est devenu aussi rare que de la moutarde de Pape. (Je sais, la vraie expression est différente, mais dans ce cas précis, le mot en aurait peut-être froissé quelques-uns.)

Exemples: qu’arrive-t-il lorsqu’on offre un présent à quelqu’un? On se fait immédiatement dire que ce n’était pas nécessaire. Lorsqu’on fait un compliment? L’autre se rabaisse immédiatement ou rétorque une injure amicale. Et si on tient la porte à son prochain au centre commercial? Alors là, c’est le silence complet… Youhou? Je viens de freiner mon élan pour t’épargner un effort. N’as-tu rien à me dire? C’est lorsqu’un(e) serveur(euse) au restaurant vient te demander si tu as terminé et que tu réponds: « Tu vois bien! » qu’il faut mieux se la fermer.

Récit d’une situation vécue. Dans un Pub avec des amis pour un événement important, j’avais décidé de payer la facture de toute la table. Mais, mes chers camarades n’ont pas tous compris au même moment ce que je venais de faire. Ainsi, l’un après l’autre, ils ont cru bon de me lancer un fraternel: « T’es malade! » Bon, les deux premiers, ça passe, mais après cinq ou six, tu en viens à de dire: « Coudonc, je viens de payer pour me faire insulter moi-là! »

C‘est sûr, comme lorsque je tente un régime sans sucre, il y a des jours qui font exceptions. On entend le mot, parfois même on fait le saut… Que ce soit sincère ou strictement décoratif, on ne le saura jamais, mais au moins, il est là! Je ne crois pas non plus qu’il soit nécessaire de TOUJOURS exprimer sa reconnaissance. Cependant, je pense qu’un mot aussi simple, aussi rapide à prononcer et qui fait autant plaisir ne vaut pas la peine de s’en passer.

Il y a aussi les moments où le mot est implicite. Il faut le reconnaître, à l’occasion, une bonne poignée de main, un regard sincère, un signe de tête approbateur, ou encore une belle grosse accolade (selon la grandeur du geste évidemment, ça serait étrange de donner un câlin à quelqu’un juste parce qu’il nous aurait tenu une porte…), ça vaut le mot. Bref. Peut-être ai-je encore mis dans le champ avec mes observations, mais dans le cas où vous seriez maintenant convaincus, je vous dis: « Bienvenue! »