L’avenir de l’église de Sainte-Marguerite

PATRIMOINE. Une soixantaine de personnes étaient réunies le 25 avril au soir à l’église afin de s’exprimer sur le premier brouillon d’un projet futur pour le lieu confessionnel.

C’est à l’initiative du maire de la municipalité de Sainte-Marguerite, Claude Perreault, et de la nouvelle fabrique Sainte-Mère-de-Jésus que les gens ont été convoqués pour cette rencontre toute spéciale. L’idée principale était d’avaliser une première ébauche de ce que pourrait devenir le bâtiment.

Le concept, tel qu’imaginé par M. le maire et l’architecte consulté, est de transformer l’église en une résidence pour personnes âgées de douze logements sur trois étages. Le toit et les murs seraient conservés. «On construirait une coquille dans une autre coquille, sans toucher au bâtiment», résume M. Perreault.

Cette résidence, il faut se l’imaginer occuper l’espace situé à partir du quatrième banc, à l’avant, jusqu’aux grandes portes du perron de l’église, à l’arrière. La nef serait préservée sous une forme ou une autre en chapelle ou en salle commune pour les locataires. Cette idée est novatrice, car il n’existe aucun exemple semblable ailleurs au Québec.

Pourquoi un foyer?

Sainte-Marguerite ne possède aucun établissement public ou privé où les personnes âgées auraient la possibilité de terminer leurs jours. «Ce qui m’attire c’est de ne pas les déraciner et de conserver le patrimoine», a ajouté M. le maire. Transformer l’église en salle de spectacle a été écartée, puisque Sainte-Marie en possède déjà une très fréquentée, la salle Méchatigan.

Forum d’idées et d’opinions

La rencontre a permis aux Margueritois de poser des questions et d’exprimer leur adhésion ou leur mécontentement.

«Même aux services [dominicales], il y a moins de monde. Il faut agir et aussi bien agir maintenant», a dit une dame âgée.

«Je viens de Jonquière et je me suis mariée dans une église aujourd’hui abandonnée. C’est tout autant triste d’en voir une toute défaite», s’est exprimé une autre.

«Peu importe ce qu’il en ressort, je trouve important que la municipalité devienne la propriétaire», a dit un homme.

À la fin de la soirée, cette assemblée informelle a voté, à main levée, en large majorité, pour aller de l’avant avec des études sur la viabilité de cette idée. Moins de cinq personnes ont voté contre la proposition.

Conditions

Ce vote était symbolique. Une proposition formelle sera ultérieurement déposée lors d’une séance du conseil municipal. Si elle est adoptée, un petit budget sera débloqué pour commander une inspection de la structure de l’église, puis une étude de faisabilité et de rentabilité.

À chacune de ces étapes, dès que des indicateurs pointent vers l’improbabilité d’entrer le projet à l’intérieur de coûts raisonnables, il se peut très bien que des changements soient apportés ou que le projet soit carrément mis de côté, a assuré Claude Perreault. «Ce que les gens me demandent souvent est: est-ce que ça va hausser les taxes? Je partage cette préoccupation, parce que moi aussi je suis un payeur de taxes et je ne veux pas les voir augmenter», a-t-il dit.

De l’argent pour encore cinq ans

Philippe Marcoux, président de la fabrique Sainte-Mère-de-Jésus, a dressé un bilan de la santé financière de l’église de Sainte-Marguerite. L’état actuel des dépenses et des revenus laisse présager qu’il y aurait de l’argent pour encore cinq ans. «À Sainte-Marguerite, il y a beaucoup de bénévolat, mais l’argent n’entre plus. On fait un déficit tous les ans et la Loi interdit à une municipalité de le combler. Il n’y a pas beaucoup d’options après ça», atteste-t-il.

Un cri d’alarme pour les autres

Au moment de la fusion des paroisses en 2017, le budget de chacune des anciennes fabriques est resté intact et distinct. Une paroisse déficitaire ne peut aller piger dans les coffres d’une autre plus riche. Sainte-Marguerite est la première communauté parmi les dix de Sainte-Mère-de-Jésus à initier une telle réflexion sur son église. «Et c’est elle qui a la meilleure santé financière de toutes les autres. J’encourage les gens à passer en mode solution et lancer des initiatives comme celle-là», conseille le curé Patrice Vallée. Saint-Isidore est celle qui affiche le plus mauvais bilan financier.

Les églises de Sainte-Marie, Saint-Elzéar et Saint-Isidore sont classées monuments historiques. Cela signifie que l’aspect physique extérieur et intérieur ne peut être touché. L’église de Sainte-Hénédine a le statut de monument patrimonial. Le bâtiment est protégé, mais pas l’intérieur.

Toutes les autres (Scott, Saint-Patrice-de-Beaurivage, Saint-Narcisse-de-Beaurivage, Saint-Sylvestre, Saint-Bernard et Sainte-Marguerite) ne sont pas protégées.

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